Le soleil venait juste d'atteindre son zénith tandis le jeune homme arpentait les rues du village caché. Cette journée était particulière, elle faisait partie de celles qui offrait la possibilité de profiter de la chaleur des rayons du soleil qui venaient s'écraser sur le teint blafard des gens en cette saison des neiges. Les habitants en avaient profité pour sortir leurs belles tenues colorées, les commerçants étaient plus souriants qu'ordinaire et les rues étaient animés par les jeunes aspirants qui préféraient s'amuser entre gosses plutôt que d'assister à leurs classes. Atasuke aurait pu être l'un d'entre eux, s'il n'était pas né au milieu de la guerre, lui n'avait pas eu la chance de pouvoir souffler un peu, d'avoir le choix. Cette époque, il n'y repensait pas souvent mais, à chaque fois elle éveillait en lui un sentiment à la fois nostalgique et tendre, ce n'était peut-être pas ça, ce n'était pas non plus si mal. L'instructeur avait développé une certaine tolérance envers les mômes qui essayaient de filer entre les pattes de leurs enseignants, il affichait un simple sourire et passa son chemin. Il y avait également les ninjas qui avaient confirmé leurs aptitudes, qui portaient désormais le bandeau du village, qu'ils soient jeunes ou plus âgés. Ceux là ils se sentaient déjà plus concernés par leur devoir, ce qui était en soit assez compréhensible puisque passé l'âge de l'insouciance, leurs rêves laissent place à la concurrence, la recherche de leurs limites et la reconnaissance des plus expérimentés. Des aspirations qu'il comprenait tout à fait puisque cette époque n'était pas si lointaine pour lui aussi. Cependant, si quelques uns avaient le temps de s'égayer du rayonnement provenant de la sphère dorée, le membre du clan Senjû n'avait pas le temps de rêvasser, le Hokage l'avait demandé en personne sans lui avoir mentionné la raison de cette convocation.

Il s'était mis en route suffisamment à l'avance pour ne pas avoir à courir et il décidait de reprendre le trajet initial qu'il s'était fixé. Il passait désormais devant les habitations plus imposantes, plus impressionnantes, la demeure du chef du village n'était plus très loin et au fur et à mesure de sa progression, Atasuke rencontrait davantage de visages familiers. Il les saluait respectueusement, certains étaient des connaissances de son paternel, d'autres des ninjas confirmés qu'il avait déjà l'habitude de côtoyer. La résidence de l'Ombre du feu était une grande bâtisse rouge couronnée de quatre crocs blancs, la paroi du bâtiment en forme de dôme affichait le kanji du feu, symbole emblématique du pays d'appartenance. C'était un bien beau monument que le jeune homme prenait plaisir à imaginer bâtir à l'aide de ses techniques héréditaires. Il s'arrêta un moment devant l’impressionnante porte pour jeter un coup d’œil à la falaise située en arrière plan, cette dernière affichait désormais le visage de pierre du premier dirigeant. Une œuvre assez réussie puisque le jeune Senjû reconnaissait bien le visage d'Hiroshi. Les deux clans n'avaient jamais connu de conflit entre eux, et aucune hostilité ne s'était installé dans leurs relations, c'était pourtant leur lien commun avec le clan Uchiha qui avait rapproché les deux familles, tous deux trahis par les mêmes individus.

Le chemin qui menait jusqu'au bureau du Hokage était bien connu du jeune Senjû car souvent emprunté pour diverses affaires, que ce soit pour les missions, les rapports, les cérémonies officielles, les actes diplomatiques. Il connaissait désormais le rituel, il toquait à trois reprises sur la porte en bois puis entrait dans la pièce. Le spectacle était toujours aussi impressionnant. Hiroshi se tenait là, assit sur son trône, les bras réunis sur son bureau, le jeune hôte compris sans plus de temps que son interlocuteur l'attendait impatiemment. Il s'avança au centre de la pièce. « Me voilà Hiroshi Kage, j'ai reçu votre missive, ça avait l'air urgent » Il ne fallut pas beaucoup de temps pour exposer la situation, des ninjas d'origine inconnue prétendaient appartenir aux forces de Konoha et se servaient de ces fausses identités pour commettre des crimes au pays des Fleurs, plus particulièrement dans les villages avoisinants la capitale. Ces agissements menaçaient de mettre en péril la stabilité des liens qu'entretenaient les deux pays, il fallait donc démasquer ces mystérieux agresseurs, rétablir la vérité auprès d'Hana no Kuni et enfin ramener les captifs au village caché de la Feuille pour les remettre entre les mains de la section d'interrogatoire et de torture, les spécialistes. Atasuke semblait comprendre pourquoi on avait fait principalement appel à lui pour cette mission, les membres de son clan sont des adeptes du Hanaton, la manipulation des fleurs. Bien que l'héritier du clan ne pratique pas ce genre de jutsu, le faire intervenir peut être gage de bonne foi de la part du village. Cependant, son interlocuteur lui précisa que pour mener à bien cette aventure, il ne serait pas seul et réaliserait celle-ci en binôme. On entendit une nouvelle fois le son d'un poing venant s'abattre sur la porte.

Un jeune garçon se dressait en face des deux hommes adultes qui s'entretenaient. Atasuke ne l'identifia pas instantanément, il lui semblait n'avoir jamais aperçu ce visage par le passé mais, l'un de ses signes distinctifs interpella alors le jeune homme. Sa paire de lunettes noire contrastait beaucoup avec la tenue qu'il avait adopté. Après tout, ce n"était pas si étrange que ça étant donné l'intensité du soleil qui était particulièrement forte en ce jour. Cependant, au delà de ça, beaucoup de mystères étaient soulevés à travers le garçon, comme sa coupe de cheveux plutôt atypique ou le fait qu'un adolescent aussi jeune participe à une mission comportant des difficultés propres à des ninjas expérimentés, son niveau de maîtrise était au moins égale à celui de l'héritier des Senjû pour pouvoir l'accompagner sans être sous sa tutelle. Malgré les questions qu'il se posait constamment et de plus en plus, il le salua d'un signe de tête et afficha un large sourire. « De même, je m'appelle Atasuke du clan Senjû. » Les présentations étaient faites, ils devaient désormais se mettre route pour rejoindre en vitesse le pays des fleurs pour résoudre le conflit.

Le Hokage premier du nom pris donc congé et les deux équipiers pouvaient à présent débuter leur périple. Le voyage risquait de durer un certain temps et Atasuke, bien que très professionnel dans ses démarches, ne s'imaginait pas faire tout le trajet sans prononcer un seul mot. Ils ne se connaissaient pas mais, une mission assez sensible leur avait été confiée et l'impact d'un échec de cette aventure serait trop important pour laisser des facteurs à la chance ou à l'inconnu. « Je suis désolé si je peux te paraître un peu rustre, je n'ai pas l'habitude de travailler avec quelqu'un. » En réalité, il n'avait pas vraiment connu de concret partenaire pour effectuer des opérations militaires depuis la disparition de son grand frère, il lui arrivait d'exécuter des missions en coopération à droite  à gauche mais, il ne s'intéressait quasiment jamais à la personne avec qui il était amené à bosser. Ce garçon semblait être calme, apaisé et apaisant, ça changeait des autres enfants de son âge qui ne possédait peut-être pas la même maturité mais, après tout ce n'est qu'une première impression.

Ils s'étaient mis en route depuis le bureau du chef du village puis étaient sortis par la grande porte pour finalement emprunter les chemins à travers forêts et rivières, plaines et vallées pour atteindre le pays où avaient élu domicile les imposteurs. La route n'allait pas être très longue, ni très courte, elle laisserai juste assez de temps pour mettre au point une approche diplomatique, subtile et élégante à la capitale pour réparer et renforcer les liens entre Konoha et son allié mais, également pour incriminer les responsables des actes de barbaries qui faisaient trembler les villageois. La nuit allait bientôt recouvrir le Yuukan d'un voile sombre et bientôt il serait dangereux d'évoluer à découvert, même au sein des frontières du pays du feu. Le jeune Senjû demanda l'avis de son récent équipier pour établir un camp au milieu de la forêt, là où les arbres avaient arrêté de pousser pour laisser place à ce qui semblait être une petite clairière.