ayate ne semblait pas très réceptif à cette tentative de l'appitoyer. La méfiance l'avait gagné, et il soupirait désormais, essayant probablement de comprendre quelque chose d'intelligible dans les plaintes de la jeune fille. Cependant, il semblait se détendre peu à peu, heureusement pour la vampirette. Son rythme cardiaque descendait peu à peu au fur et à mesure qu'elle lui parlait, et elle sentait sa proie baisser sa garde. Si d'un côté cet aspect était omniprésent dans l'esprit de la demoiselle cannibale, de l'autre la peur de son père était réellement opressante pour elle. Cet aspect entre joué et réel devait rendre sa performance plutôt réaliste et lui donner du crédit.

Alors qu'elle le suppliait une nouvelle fois de rester près d'elle, finalement calme et parvenant à mettre de côté l'idée que son père pouvait lui retomber dessus si elle parlait de cela, il répondit enfin positivement.


« Ça va, c'est bon. Je vais passer la nuit avec toi, mais faudrait déjà qu'on sorte de l'eau. Rhabille toi, je vais faire de même, hors de l'eau ça risque d'être plus inconfortable sinon. »

Neiko faillit lacher un soupir mais se retint, se contentant d'essuyer ses larmes de ses poings à moitié fermés, un peu comme si c'était des pattes de félin. Elle frissonna légèrement lorsqu'il la prit une nouvelle fois dans ses bras, alors qu'il la repoussait jusque là. Il marcha un peu avant de la reposer sur le bord, elle avait désormais assez de force pour se mouvoir seule sans trop de problèmes tant qu'elle prennait son temps. Il lui proposa une serviette qu'elle refusa d'un léger signe de tête avant qu'il ne retourne vers ses propres habits.

Elle se releva lentement puis retira l'eau qui ruisselait sur son corps en se frottant avec ses mains. Elle essora un peu ses cheveux, les tournant en vrille, avant de les séparer en passant ses doigts dans sa crinière qu'elle avait passé par dessus son épaule droite. Elle s'habilla une fois qu'elle estima avoir enlevé la majeure partie de l'eau qui la couvrait, enveloppée par les vapeurs qui surplombaient l'onsen.

Alors qu'elle venait de finir de remettre ses vêtements encore tâchés de sang désormais séché, le jeune homme s'approcha d'elle. Il étala au sol son sac de couchage puis prit le temps de la regarder lentement de haut en bas avant de sourire plus ou moins discrètement. Un très bon signe pour la prédatrice. Quelques secondes plus tard, il lâcha malgré tout un soupir, observant son sac de couchage à place unique.

« ... Il faut qu'on dorme collés j'imagine ? »

C'était vrai que la situation était plutôt gênante, sinon cocasse normalement. Katsuko rougit légèrement et baissa les yeux. Elle ne savait pas trop comment contenir sa joie de se retrouver si facilement en compagnie d'une proie qui ne la soupçonnait qu'à peine. La seule chose qu'il lui restait à faire, c'était attendre qu'il s'endorme désormais.

« Je... Je comprendrais que tu ne veuilles pas... Il ne fait pas froid de toutes façons... Si je peux juste rester près de toi ça me suffirait... Pour me rassurer... »

Neiko peinait à trouver ses mots tant elle se voyait déjà planter ses dents dans la gorge palpitante d'Hayate. Elle voyait ce sang passer dans sa carotide à rythme régulier, rythme qui aiguisait sa faim et son envie de manger au plus tôt. Il fallait cependant qu'elle soit patiente, son précédent échec le lui avait bien fait comprendre. Surtout qu'il avait été très gentil, et attendre qu'il dorme pour limiter la douleur - très légère cela dit - qu'il ressentirait semblait légitime à la vampire de dix-sept ans.

La jeune fille ne voulait pas trop forcer sa proie de peur de la faire fuir, et se retrouver coller à lui dans un sac de couchage avait plusieurs inconvénients. Tout d'abord, il serait plus compliqué pour elle de se mouvoir et donc de partir sans qu'il ne s'en rende compte pour éviter un conflit direct. Ensuite, elle doutait de ses capacités à se retenir et à ne pas le vider de son sang si elle se trouvait vraiment acollée à sa victime. C'était donc plus raisonnable de lui laisser entièrement son sac pour dormir. Qui de plus le ralentirait et permettrait à la fille d'éviter la confrontation si toutefois elle le réveillait.

« Ça ira... Ne t'en fais pas... Je dors souvent dehors sans rien. Tu m'as déjà sauvé la vie et beaucoup aidé... Si tu restes pas loin, ce sera déjà très gentil de ta part... Ça me suffira, ne t'inquiète pas. »

Pour souligner ses dires, la Chinoike s'allongea sur le sol, légèrement sur le côté, posant sa tête contre ses bras. Elle s'installa plutôt confortablement sur ce sol un peu mou et humide grâce à la présence à quelques mètres de la source d'eau chaude.

Elle replia légèrement ses jambes contre son torse et attendit un moment, laissant Hayate s'installer à son tou. Elle se devait d'attendre qu'il s'endorme puis patienter plusieurs minutes que son sommeil s'allourdisse avant de passer à l'attaque. Elle parla une fois qu'il fut réellement couché, installé pour la nuit, parlant alors à voix basse

« Merci encore... Bonne nuit... »

Elle lui souria légèrement puis laissa ses yeux se fermer progressivement comme si elle s'endormait. Peu à peu, elle régula sa respiration, prenant soin de la faire lente et régulière, bougeant son corps très légèrement, comme si pendant son premier sommeil, elle recherchait une position plus confortable inconsciemment. Son oreille restait en alerte, attendant d'entendre le souffle de son camarade de nuitée devenir calme à son tour. Lorsqu'elle pensa qu'il s'était endormit, elle compta jusqu'à 150 dans sa tête lentement avant de rouvrir les yeux et de vérifier qu'il dormait bien.

Une fois sûre d'elle et du peu de risques qu'elle prenait, elle se redressa sans un bruit, se mouvant vers sa proie en panthère, à quatre pattes. Elle s'approcha alors de lui, toujours très silencieuse, puis se pencha sur lui, retenant son souffle légèrement. Après inspection, elle préféra mordre le garçon endormi un peu au dessus de la clavicule, là où il ressentirait moins la morsure et ainsi limiter les chances qu'il se réveille.

Lorsqu'elle sentit finalement son sang couler dans sa gorge, elle du se retenir pour ne pas ronronner de plaisir tant ce liquide lui avait manqué. La sensation procurée par un tel repas était toujours des plus exquises, aussi profita-t-elle de son repas tranquillement. Après un petit moment, elle s'arrêta, avant que cela ne soit néfaste d'une quelconque façon à Hayate à qui elle estimait devoir beaucoup, et plus encore maintenant.

Lorsqu'elle s'écarta de lui, elle le regarda un instant avant de déposer un baiser délicat sur les lèvres du garçon en remerciment. Elle se redressa finalement, souriante, puis se releva toujours en essayant de ne faire aucun bruit. Elle regarda alors autour d'elle, cherchant par où elle allait partir.

lors qu'elle parlait au garçon puis qu'elle s'était allongée, elle avait senti son hésitation. Il devait lui paraître étrange qu'elle choisisse aussi rapidement et facilement de dormir sur le sol sans couverture, mais elle avait d'autres raisons qu'elle ne pouvait pas vraiment lui dire pour agir ainsi.

Elle souhaita une bonne nuit au garçon qui lui répondit dans un sourire, inconscient qu'elle avait désormais en tête le repas qu'elle allait savourer sous peu. Lorsqu'il fut suffisament détendu et reposé, elle pu finalement agir et se repaître du sang d'Hayate, qui ne fit que bouger légèrement l'épaule sous les picotements proboqués par la morsure. Cependant, lorsqu'elle se pencha sur lui pour déposer un baiser sur ses lèvres en "remerciment" pour ce "généreux don", il sembla se réveiller doucement et difficilement de son sommeil. Elle se redressa alors et tenta de partir sans un bruit, pour le laisser se rendormir et faire comme si de rien n'était.

« Attend... »

Visiblement, il s'était suffisamment réveillé pour comprendre qu'elle partait. Elle s'arrêta donc, restant de dos pour le moment. Elle soupira légèrement. Sa voix était cependant assez faible, et elle avait bu suffisamment de son sang pour qu'il mette un certain moment à retrouver sa force et son agilité. Qui qu'il soit, il ne pourrait pas la pourchasser avant quelques heures. Elle entendit des bruits derrière elle, comme s'il se trémoussait lentement dans son sac de couchage.

Elle se retourna, Hayate était assis sur son duvet, l'air encore endormi, la vision probablement floue. Il semblait perturbé, probablement parce qu'elle l'avait embrassé alors qu'il dormait. Elle souria, amusée, lorsqu'il posa finalement sa question.

" Pourquoi tu m'as fait ça ? Seules les personnes aimant l'autre leur font ça ... "

Sa voix était toujours faible, et sa vision enfantine de l'amour et des baisers était plutôt mignone. Elle ne répondit pas immédiatement, le regardant, assis par terre sur sa couverture. Il était bien endormi et affaibli, elle ne risquait pas grand chose. Elle pouvait bien lui dire ce qu'elle avait fait et pourquoi.

« Je suis une Chinoike. Je t'ai pris un peu de sang pour me rétablir et pouvoir rentrer. Si je tarde trop, il me tuera parce que je suis partie sans sa permission. J'avais besoin de forces, tu me les as redonnées bien que je ne t'ai pas vraiment demandé ton avis. En même temps je suppose que c'est difficile de dire oui à une demande de ce genre. Je ne te veux aucun mal et si je t'ai embrassé, c'était en remerciment pour tout ce que tu as fais pour moi. »

Neiko lui souria gentiment à nouveau. Elle voulait lui montrer qu'il ne risquait rien et qu'il pouvait se rendormir calmement, qu'elle ne l'attaquerait pas plus que cela.

« J'avais perdu trop de sang et c'était la seule façon pour moi d'être capable de prendre la route dès maintenant. J'ai déjà pris assez de temps en me faisant attaquer, je ne pouvais plus en perdre. J'espère que tu ne m'en voudras pas, tu seras en pleine forme demain, comme si cette nuit n'avait été qu'un rêve étrange. Repose-toi bien, peut être se recroisera-on une nouvelle fois plus tard, qui sait. »

Dans un dernier sourire, elle se retourna vers son but et resta quelques secondes immobile, parlant une dernière fois, plus fort, pour bien se faire entendre d'Hayate

« J'espère pour toi que tu ne me recroiseras pas, j'ai tendance à apporter un peu trop souvent le malheur avec moi, comme si un sort m'avait été jeté. Bonne nuit, et adieu. »

Avec un dernier geste de la main, la demoiselle commença à avancer dans la nuit, s'orientant dans la forêt grâce à l'astre lunaire qu'elle connaissait désormais bien grâce à sa vie dans le désert. Elle avançait à un rythme tranquille pour ne pas se blesser sur les diverses ronces et autres plantes épineuses, suivant les chemins grâce au clair de lune. Elle estima qu'elle n'avait pas besoin de partir en courant, le garçon ne la poursuivrait probablement pas. Après tout, ils ne se connaissaient pas vraiment. Ils avaient juste passé une soirée ensemble, le reste n'était que des détails.