« Suffit, c’est l’heure de la pause. Buvez un coup ou vous allez crever comme des rats. »

La directive de Dentô sonna comme une libération pour le groupe de loubard en plein déchargement. Ce dernier siégeait confortablement sur l’arrière d’une charrette dénuée de bâche, entre plusieurs tonneaux. Son aise sur ce plateau de bois démontrait une certaine familiarité entre lui et ces individus. D’ailleurs, il ne tarda pas à mettre à exécution l’invitation ; Plusieurs gourdes volèrent par ci par là, tout justes piochées au fond d’une généreuse besace. Malgré leur robustesse physique indéniable, ces gaillards ne pouvaient tenir la dragée face à un shinobi. Plus que de la bienveillance, cette halte portait tout simplement sur le bon sens sous ce soleil de plomb …

Le chantier en question appartenait à un dénommé Mibuzo, un herboriste désirant ouvrir une boutique juste ici, à deux pas de la grande place. C’était peut-être une idée farfelue dans cette région aride mais la difficulté de maitriser les plantes médicinales du désert en faisait un marché de luxe. Il ne représentait pas la seule affaire excentrique à fleurir dans le village notament frace à l’interet sucité par ces objets rares pour les chercheurs. Pour cause, le jeune Matsudaï y prêta oreille autour d’un verre jusqu’à se porter volontaire pour l’aider. Ainsi, depuis plusieurs jours déjà, lui et les civils s’attelaient à meubler et acheminer la marchandise au cœur de la boutique.

Cette tâche ne relevait ni d’une mission, ni d’une prérogative spéciale. Le chunin ne parvenait simplement pas à rester cloitré dans son rôle de soldat à part entière. Tout ce système, cette organisation, cette nouvelle vision de la société … Beaucoup trop récent encore. Il profitait ainsi de ses jours de congés pour se plonger dans les bas-fonds de la ville et se fondre dans la localité. Peu importe le grade ou le rang, notre homme ne faisait fie de ces critères, préférant de loin se laisser porter par les opportunités attrapées en chemin. Connaitre le peuple, accompagner le changement : Voilà ce qui contribuait au mouvement.

La journée lui réservait encore une surprise de taille …

Au milieu des railleries rugueuses de ses compères, l’attention du soldat se détourna un instant sur la grande rue, comme pensif. Un à un, les quelques passants défilèrent devant ses pupilles azurées immobiles, sans réussir à perturber son calme apparent … Mais d’un coup, sa curiosité fut allègrement piqué. Dentô glissa légèrement son genoux remonté sur la charrette, sur lequel prenait appui son bras afin d’avoir une vue plus aisées. La personne en question était un jeune garçon dont l’accoutrement semblait surréaliste pour la région. N’importe qui d’autre serait déjà … A l’hôpital. Comment et pourquoi ? Il devait creuser le sujet. A cet effet, une gourde de plus s’envola une fois le bonhomme à portée de tir.

« Attrape ! » Lui accorda-t-il un temps pour réagir. « T’es pas déjà tombé dans les pommes avec tout ça sur le dos ? Tu feras peut-être mieux que ces gars … On a une tonne de produits à décharger, aide nous. »

« Hoy hoy Dentô, t’es sûr de ton coup-là ? Regarde le, c’est qu’un gosse … Tu veux lui faire porter quoi ? Au mieux ce sera nos gourdes d’eau … Ce ne sera pas plutôt à nous de le porter ? Bwahaha ! »

Une flopée de rires gras et bruyant s’éleva parmi le groupe, auquel Dentô ne se joignit pas mais ne s’y opposa pas non plus. Au contraire, ce dernier esquissa un sourire en coin et dents légèrement apparents, les scrutant des yeux un instant, puis revenant vers le jeune garçon l’air d’attendre sa réaction. En réalité, il n’avait besoin d’aucun d’eux pour finir le travail en cours. Le but de cette scène était tout autre …

Premier pas vers l'hiver...

Avec @Matsudaï Dentô

Un simple baillement s'échappa de ma bouche, alors que je marchais dans les rues de Suna. La journée promettait d'être longue, très longue. Et pour cause : il n'y avait rien à faire. Vraiment, rien. Aucune mission en vue, et rien d'intéressant ne se passait au village. Il y avait des jours comme ça. De ce fait, j'étais sorti à la recherche d'une quelconque occupation.

J'observais chaque recoin de rue, chaque bâtiment, je ne voyais rien d'intéressant. Par moment, j'aimais me poser pour dessiner tout simplement, et retranscrire ce que je voyais. Cependant ici, j'avais fait le tour. Tout était devenu commun à mes yeux, à force de fréquenter le village. Celui-ci ne m'apportait plus vraiment de nouvelle inspiration. C'était bien triste.

Sans réel but, j'avançais donc. Comme d'habitude, de nombreux villageois me regardaient de travers à chaque fois que je passais. Ma tenue y était, bien entendu, pour quelque chose. S'ils portaient tous des vêtements légers, c'était tout à fait autre chose me concernant : un gros pull à col relevé, un pantalon plutôt épais, et un bonnet. Les mains dans les poches, je marchais, jusqu'à voir quelque chose voler en ma direction.

Relevant la tête, je vis qu'il s'agissait d'une sorte de gourde, et une voix se fit entendre au même moment, demandant de l'attraper. C'est ce que je fis, en regardant ensuite d'un regard étrange ce que je tenais dans les mains, puis la provenance de cette voix. Il y avait, un peu plus loin devant moi, une charette avec des hommes dessus. L'un d'entre eux, celui qui m'avait envoyé la gourde, s'adressa directement à moi.

▬ T’es pas déjà tombé dans les pommes avec tout ça sur le dos ? Tu feras peut-être mieux que ces gars … On a une tonne de produits à décharger, aide nous.

Gné quoi ? Hm... mauvais candidat. Justement, le fait que je portais autant de vêtements sur le dos ne faisait pas de moi un surhomme. Bien au contraire. Physiquement parlant, j'étais... très fragile, et ne pouvais pas faire beaucoup d'efforts physiques.

▬ Ah non, c'est pas ce que vous pensez, je...

Les autres hommes me coupaient la parole, alors que je m'en allais refuser sa requête. Ils remettaient en question le jugement de l'homme qui se faisait appeler Dentô, avant de se moquer de moi ouvertement. C'était réellement désagréable comme situation. Je soupirais, tout en regardant à l'arrière le contenu des marchandises. Et en effet il y en avait à porter, mais je me voyais mal refuser après qu'ils se soient ouvertement moqué devant moi. Je n'aimais pas ça. Je n'avais plus trop le choix, à vrai dire.

▬ D'accord, j'arrive.

Sans calculer les hommes qui se moquaient, je m'approchais de la charrette et observais l'homme qui semblait être leur chef. Je ne comprenais pas trop ce qu'il cherchait, à vrai dire. Il y avait des dizaines voire des centaines de personnes dans le coin à cette heure, et certains étaient bien plus taillées que moi pour ce boulot. Allez savoir, les gens sont bizarres parfois.

Sans perdre un instant, je m'apprêtais à commencer, en portant une première caisse. Celle-ci était bien plus lourde que ce que je pensais, et je fus surpris lorsque je la pris dans mes bras. Non, non, ça n'allait pas du tout le faire cette affaire, eh merde...

▬ C'est... lourd. Qu'est-ce qui y a là-dedans... ?

J'étais curieux de savoir. En attendant sa réponse, je portais cette affaire afin de la décharger. La journée allait être... encore plus longue que ce que je ne le pensais.

Codage par Jibunnie sur NEVER-UTOPIA

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