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L’entraînement de la journée s’était plutôt bien passé. Depuis que j’avais Ryûji, j’avais pas mal évolué moi-même, et pourtant, ça ne faisait que quelques semaines qu’il était mon élève. Je le voyais en général 4 ou 5 jours par semaine, et lui laissait le week-end pour se reposer ou vaquer à ses occupations. Il avait pour seule consigne de se faire quelques minutes de sport le matin ou le soir lorsqu’il n’y avait pas entraînement, mais bon, qu’il les fasse ou non ne m’importait pas vraiment.

L’une des choses qui m’agaçait un peu pouvait être son insolence, mais j’avais fini par m’y habituer. Il m'arrive d’essayer de lui enseigner le respect, mais ce n’était pas mon boulot de l’éduquer ou lui inculquer les bonnes manières, j’étais juste là pour le former moi. J’suis pas ses parents… Bon, d’accord, j’admets que ça va être compliqué pour eux de le faire, étant donné qu’ici, il n’en a pas. Au pire, y’a l’vieux ? Non ?

Tout cela me faisait douter. Avoir à le former me donnait en quelque sorte un but un peu plus intéressant que simplement être à la botte de Konoha, et exécuter les demandes marquées sur les ordres de mission qu’on me donnait. Cependant, lorsque je prévoyais des choses, ou encore que je me donnais des objectifs, ça le concernait dans 90% des cas. Personnellement, et me concernant moi-même, lorsque je réfléchissais à mes ambitions, elles étaient bien maigres si ce n’est inexistantes. Après tout, j’avais un hébergement chez ma grand mère, Léona et Satoru, chez qui je peux me rendre quand je veux si j’ai besoin de réconfort, et des sous lorsque je réussissais des missions. Alors pourquoi j’avais cette sensation que quelque chose me manquait ?

En plus de tout ça, niveau pédagogie, avec Ryûji, c’était pas non plus top. Quand il s’agissait de transmettre des techniques, ou des comportements de ninja, j’avais la méthode, et ça fonctionnait bien en théorie, mais tout ce qui touchait à la pédagogie générale, c’était pas mon truc. Non pas que je n’avais pas envie d’essayer, loin de là, au contraire, lorsque j’étais avec Ryûji, j’avais quelque chose à faire de ma vie. Puis en plus, ça me permettait d’avoir quelqu’un avec qui m’entraîner, ce qui était plus sympa que de passer ses journées seul à balancer des jutsu. Mais il y avait des jours, j’avais l’impression d’arriver à rien, ce qui me frustrait énormément.

Mais aujourd’hui, ça s’était bien passé. Je lui avais préparé une sorte de parcours d’orientation, où il devait utiliser certaines techniques pour libérer des indices et trouver certains objets qui lui seraient utiles (eau, bouffe, boussole), et se repérer avec une carte, tout en étant assez discret pour ne pas gêner plusieurs troupeaux d’animaux sauvages dans le coin où on était. Je l’avais suivit tout au long de la journée, et je trouvais qu’il s’était bien débrouillé. En plus, comme j’avais trouvé dans une boutique un spray pour imperméabiliser mon pull, en l’utilisant par dessus le dessin de Ryûji, je pouvais donc le laver sans que son “oeuvre” ne s’en aille. Et du coup, j’avais passé la journée avec.

La journée avait été assez fatigante, et en arrivant à Konoha, je lui avais proposé d’aller boire un coup dans une auberge pour se rafraîchir un peu avant de rentrer. On s’était installé à une petite table au fond de l’auberge, là où il n’y avait pas trop de bruit. Les murs comme le mobilier étaient en bois ancien, et la carte était sur un parchemin de mission, ce que je trouvais sympa. En plus, le serveur était mignon.

*Non Rei, tu n’iras pas draguer ce jeune homme*

Le serveur se pencha vers moi, afin de me tendre la carte, avant d’en donner une autre à mon jeune kouhai. Son costume lui allait à ravir, et son pantalon noir lui galbait vachement bien les fesses. Son haut lui dessinait bien ses formes, et le sourire professionnel que beaucoup de serveurs portaient avait l’air naturel chez lui. Il devait être un peu plus âgé que moi puisqu’il fallait avoir au moins 18 ans pour travailler ici, mais il était totalement à mon goût. Je me demande s’il est commandable…

* REEEEEI, j’ai dit non*

Booon, d’accord. Faut pas m’en vouloir, ça fait un bon moment que je n’ai plus dragué qui que ce soit.

- Bonjour ! Vous avez fait votre choix ?

Oh merde, pourquoi faut-il qu’il ait une voix sexy en plus ?

- Mnn, J’vais prendre un Virgin Sekai.

En gros, un cocktail à base de plusieurs jus de fruit, avec une bonne dose de sucre. Et sans alcool, puisqu’il n’était pas question que je prenne quelque chose d’alcoolisé avec un jeunot assis avec moi.

- C’est noté ! Et toi mon petit ?

Je regrettais presque de ne pas pouvoir prendre un bon shot, puis tenter de finir dans le lit de ce mec, comme je l'aurais si naturellement fais quelques semaines plus tôt. Histoire d'oublier un peu les difficultés liées au rôle de sensei.

C'est chiaaaaant. C'est quoi ce jeu de merde. Pourquoi me fait-il courir de partout pour trouver des objets ? Ce n'était pas marrant, et en plus je n'étais pas fort du tout à ce jeu. Puis je ne voyais pas du tout en quoi chercher ces objets pourrait me permettre de progresser. À croire qu'il néglige un peu trop mon entraînement. C'est vrai que je commençais à me poser cette question. Comptait-il m'entraîner sérieusement ? Ou bien pensait-il que je n'étais encore qu'un gosse ? Allez savoir. En tout cas, c'était bien chiant et j'étais même pas foutu de réussir correctement cet exercice.

La journée avait été particulièrement longue, et j'étais de mauvais poil. Comme d'habitude, diront certains, mais croyez-moi c'est tout à fait faux ! Il m'arrive d'être de bonne humeur, de temps à autres... croyez-y ou non, ça m'est complètement égal ! M'enfin, nous étions enfin rentrés à Konoha, et j'allais pouvoir rentrer chez moi, et me morfondre dans mon lit. Sauf que non. Rei prit la décision de m'emmener dans une auberge, pour boire un coup. Grr. Bon, pourquoi pas après tout, tant que c'est gratuit.

- Si vous y tenez...

Traînant les pieds au sol, j'avançais d'un pas lourd avant de m'installer à table. Je posais mon menton sur le bois de celle-ci, les bras autour. Mine de rien, cela avait été fatiguant. Pas très instructif, mais fatiguant. Dans la catégorie lourd, y a pas mieux du coup !

Bien assez vite, un serveur arriva à notre table pour prendre commande. Il commença à s'adresser à mon sensei, en premier lieu. Et je ne savais pas pourquoi, mais ce dernier semblait lui porter une certaine attention à partir de son regard. Peut-être que quand il était petit, il rêvait d'être serveur et de porter la même tenue qu'eux. Ah ouais ? Alors mon pull ne lui suffit plus ? Tsch. Ingrat.

En premier lieu, il prit commande donc, et demanda ce qu'il appela un Virgin Sekai. Quoi ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Je regardais sur le menu, et mit quelques secondes à trouver. C'est bon ce truc ? Aucune idée ! Pendant que je regardais le menu posé sous mon menton, le serveur m'interpella. Petit ? Il a dit quoi là ? Lui aussi insinue que je suis trop petit pour avoir un entraînement convenable ?

- Je ne suis pas petit ! Je suis un ninja moi monsieur, alors respectez-moi !

Grr. Mes yeux se seraient animés de flammes si nous étions dans un anime. Mais là, non.

- Oh... excusez-moi, je ne voulais pas vous offenser. Du coup, qu'allez-vous prendre ?

Je préfère. Il semblait docile ce serveur. Je relevais la tête pour le regarder droit dans les yeux.

- Vous avez des ramen ?

Il se mit alors à se gratter la tête, tout en rigolant.

- Ah non, nous ne cuisinons pas de ramen ici. Vous m'avez l'air épuisé, puis-je vous conseiller notre Orangea Supra ?

Mes yeux retournèrent sur le menu. Apparemment, ce serait un jus d'orange très vitaminé. Pourquoi pas après tout.

- Oh... ok !

Le serveur repartit chercher nos boissons, alors que je regardais maintenant Rei d'un regard noir.

- Je vous ai vu ! J'y crois pas comment vous êtes. Vous croyez que je n'ai pas fait attention au regard que vous avez posé à ce serveur ?!

Je grognais intérieurement, et posais un poing sur la table. Non, je n'étais pas content.

- Comment osez-vous envier la tenue de ce serveur, avec le magnifique pull que je vous ai offert ? Vous me décevez, vraiment ! Hmpf.

Nan mais je vous jure, c'est intolérable. Je n'en revenais pas qu'il osait, devant moi, envier la tenue d'un autre. Il croyait vraiment que je serais assez dupe pour ne pas le réaliser ? Raaaaaaaaaah ça m'énerve ! Je serais presque tenté de lui renvoyer à la gueule les insultes des frères caribous de l'autre jour, mais bon... si y a bien une chose sur laquelle nous sommes tombés d'accord tous les deux, c'est sur le fait de bannir les "tabarnak" et "ostie" de notre vocabulaire à tout jamais. Plus jamais, vraiment...

Pendant que je grognais, le serveur revenait avec nos boissons.

- Si vous avez besoin de quoique ce soit, appelez-moi.
- Hep m'sieur !
- Oui ?
- Jurez-moi de ne jamais donner votre tenue à mon sensei là. Tout à l'heure il vous a observé de la tête aux pieds parce qu'il veut votre tenue. Pourtant, le pull qu'il a il est très bien ! Vous ne trouvez pas ?
- Euh... oui. D'accord.

Et il repartit. Haha, il a dit que le pull était beau !

Satisfait de moi, je levai la paille du verre, car les pailles c'était pour les petits. Je pris une grande gorgée de la boisson.

- Beeuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh. C'est dégueulasse ce jus d'orange... !

Lorsque le charmant jeune homme qui nous servait demanda à Ryûji ce qu’il avait l’intention de commander, je retins un sourire en entendant qu’il l’appelait “mon petit”. C’était bien je genre de petites phrases qui le faisait démarrer au quart de tour. Et pas en passant d’abord la première puis la deuxième non, directement à la 5e, et à 250 kilomètre heure. Vous voyez pas à quoi je fais référence ? Une invention du clan Sokusei nommée boite de vitesse, mais seul ceux qui ont vu ce que ça pouvait être peuvent comprendre.

Et ça ne manquait pas. Ryûji lui lança qu’il n’était pas petit. Ce qui est vrai. Pour un nain. Et il lançait le meilleur argument du monde, celui qu’il était un ninja. A son âge, j’étais plus petit que lui en taille (Ne lui dite pas, ça lui ferait trop plaisir) , et j’avais déjà pas mal de sang sur les mains. Et lorsque il lui demanda s’il y avait des ramens, le serveur rit en se passant la main derrière la tête d’une manière absolument adorable. Finalement, ça peut servir d’avoir un Ryûji de temps en temps. J’devrais le louer, ça me ferait des sous. En plus, ça me ferait des vacances pour embarquer le serveur dans un voyage à deux et faire tout pleins de choses toute la nuit à la belle étoile.

Pardon, je m’emballe un peu.

Une fois le serveur repartit, Ryûji me regardait d’un regard mauvais. J’savais pas qu’ils faisaient pas de ramen ici, c’est pas d'ma faute. Puis je l’avais emmené boire un coup, pas manger un dîner à ce que je sache.

- Je vous ai vu ! J'y crois pas comment vous êtes. Vous croyez que je n'ai pas fait attention au regard que vous avez posé à ce serveur ?!

Mon coeur manqua un coup. Comment un gamin qui avait vécu toute son enfance au fin fond d’une cave du clan Yamanaka pouvait avoir la moindre conscience de ce qui se passait dans ma tête lorsque je matais un serveur ?

- Hein ?

- Comment osez-vous envier la tenue de ce serveur, avec le magnifique pull que je vous ai offert ? Vous me décevez, vraiment ! Hmpf.

C’est qu’il était vraiment énervé ce petit. Mais j’étais rassuré, il n’avait pas conscience que ce n’est pas sa tenue qui me faisait envie, mais le garçon qui se trouvait dedans. Parmi les objets qu’il n’avait pas retrouvé, et que j’étais moi même allé récupérer à la fin du jeu de piste, il y avait une boîte de gâteau que je sortais de ma poche pour lui tendre.

- Tu ne voudrais pas plutôt prendre un petit gâteau ?

Oui, fuir les questions dont on ne préfère pas donner la réponse, c’est de famille. Alors pourquoi ne pas prendre le même moyen de diversion ?

- Jurez-moi de ne jamais donner votre tenue à mon sensei là. Tout à l'heure il vous a observé de la tête aux pieds parce qu'il veut votre tenue. Pourtant, le pull qu'il a il est très bien ! Vous ne trouvez pas ?

Je ne pus me retenir de rire. Un vrai fou rire d’une bonne minute, voire deux.

- Ne faites pas attention, j’étais juste en train d’imaginer l’enfant en face de moi devenir serveur. Ce serait une catastrophe.

Puis je m’adressais à Ryûji :

- Je me disais qu’il te faudrait bien une reconversion pasque bon, un ninja qui contrôle pas son chakra, ça craint un peu, non ?

Auprès de Ryûji, ça pouvait être crédible. Auprès du serveur, probablement moins, mais tant pis. Il n’avait qu'à pas me chercher ce petit. Aller raconter à un mec mignon que j’ai des vues dessus, mais quelle idée. Ce serait problématique que je sois cramé quand même. Je n’étais tout de même pas fier de moi. Je venais de reprendre d’un coup ma mauvaise habitude d’être cynique avec les petits. Mais bon, fallait bien que je réponde quelque chose.

- Beeuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh. C'est dégueulasse ce jus d'orange... !

Entendant cela, je reportais mon regard sur mon Kouhai, et la boisson qu’il avait dans les mains.

- Ah bon ? Attends, je goûte ça

Lui prenant la paille qu’il avait retiré, je la plongeais dans la boisson avant d’aspirer une petite dose de celle-ci, qui en coulant dans mon estomac me provoqua comme une bouffée de chaleur.

- Ryûji, n’en bois pas, on va changer ça.

J’appelais donc le serveur, qui en arrivant se pencha un peu plus vers moi.

- Bah alors, on veut voir ma tenue d’un peu plus près ?

Il était proche. Très proche. Trop proche. Je sentais mes joues un peu chaudes, j’espère que ce n’était pas la gorgée d’alcool qui avait fait ça. Même si je soupçonnais surtout que cela était dû à la faible distance entre son visage et le mien. Je rougissais. Merde, niveau séduction, il était plus doué que moi.

- Ils font des gâteaux ? J'en demanderai alors après !

C'est vrai que s'ils font des gâteaux, bah je ne me gênerai pas du tout. J'ai faim moi après tout, après une longue, dure et chiante journée d'entraînement, bah j'avais l'estomac creux généralement. Normal, non ? Je sais pas moi, ça me semble d'une logique implacable.

Ce n'est qu'après que je compris qu'il me tendait une boîte de gâteaux. Ah, ces gâteaux-là. La tristesse m'envahissait, moi qui m'imaginait un gâteau géant tout sucré.

Rei rebondit, comme pour reprendre mes propos. Il ne voulait sans doute pas avouer devant ce serveur qu'il fantasmait devant sa tenue, et qu'il voulait la même. À tel point qu'il en était venu à s'attaquer à moi, avec une pique bien méchante.

- Vous avez dit quoi là ?? Je suis sûr que je contrôle mieux votre chakra que vous moi ! Parce que je suis un grand ninja ! Hmpf.

Je boudais. Je n'en revenais pas qu'il soit aussi méchant envers moi, vraiment. Qu'est-ce que je lui avais fait pour mériter ça ? Vraiment, je ne comprends pas.

Sous la colère, je commençais donc à boire une grosse gorgée de ma boisson, avant de me rendre compte qu'elle était complètement dégueulasse. Berk, ça n'avait même pas le goût à l'orange. C'était... infect, littéralement.

Rei goûta alors cette Orangea Supra, et je le regardais faire. Je ne savais pas trop pourquoi, mais je ne me sentais pas du tout dans mon assiette. Vraiment, je commençais à me sentir... étrange. Très étrange. En tout cas, Rei m'ordonna de ne pas en boire davantage, afin qu'on change ma boisson. Il la trouvait donc dégueulasse également ? Ou alors... on a tenté de m'empoisonner ? Oh, c'était sans doute ça. Il m'avait empoisonné cet enfoiré de serveur.

D'ailleurs en parlant de lui, mon sensei le rappela pour qu'on change ma boisson, et le voilà qu'il s'approchait de très près de lui, lui demandant s'il voulait voir sa tenue d'un peu plus près. Et d'ailleurs, le Yamanaka ne semblait lui non plus pas dans notre assiette. J'y crois pas. Cette enflure nous avait empoisonné. J'étais empoisonné, mais le pire dans tout ça... c'est que Rei l'était aussi.

- Eh toué là ! Bas les pattes c'est mon sensei à moi d'abord, alors tu dégages de là ! Pis d'où que t'empoisonnes les gens comme ça hein ? Gnéééé ? Tu vas voir ! *Burp.*

Sans perdre un instant, je pris la bouteille d'Orangea Supra empoisonnée, et je lui envoyais dessus de toutes mes forces. La bouteille explosa littéralement sur sa tenue, et toute la boisson fut déversée sur lui et au sol. Il fit un mauvais pas, et glissa sur le liquide ce qui le fit se ramasser littéralement par terre. Manque de bol, il s'assomma sur la table adjacente.

Je grimpais alors sur la table, pour regarder d'un peu plus haut mon oeuvre, et j'en étais largement satisfait. Je riais, avant de sauter sur Rei pour... lui faire un câlin. Un gros câlin, tout en m'asseyant sur lui.

- Senseiiiii je nous ai sauvé, le vilain méchant est moooort. Wiiiiiiiii ! Vous allez bien ? Il ne vous a pas fait mal au moins ? J'ai eu si peur qu'il vous attaque...

Je plaçais ma tête contre son épaule tout en le serrant très fort contre moi. Je ne voulais pas qu'il m'échappe, et je ne voulais pas que quelqu'un ne lui fasse du mal. Je serai capable de me donner la mort sinon.

- Je suis si content que vous allez bien... *hips*.

Je pensais aller bien. Mais en vrai, j'étais complètement dans le mal.

J'étais satisfait de ma prestation. Dans un sens, j'étais parvenu à neutraliser ce méchant empoisonneur qui voulait embarquer mon sensei dans ses manigances. Il ne pouvait plus rien faire désormais, et ne reviendra pas nous embêter d'aussi tôt. Le Yamanaka pouvait être fier de moi, car j'avais sauvé sa vie. Mouhihi. Et oui, c'était le second point sur lequel j'étais satisfait : le sauvetage de mon maître. Parce que oui, là pour le coup, il me doit la vie. Enfin, c'est ce qu'il devait se dire. Mais il n'a pas à s'en faire, parce que je ne lui demandais rien en retour. Le fait de le savoir sain et sauf me suffisait amplement ! C'était le meilleur cadeau qu'il pouvait me faire.

Et pourtant, il fit mieux que ça ! En plus d'aller bien, il répondit positivement à mon câlin en me serrant contre lui. Je souriais, et riais doucement. J'étais tellement heureux. De plus, il confirma qu'il allait bien.

- C'est vrai, vous allez vraiment bien ? Nyahahahahahahahahahahhahahahahahahahahahahahaaha... *hips* Mais mais mais c'est cro bien. Câliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin.

Je le serrais un peu plus contre moi. J'étais bien calé dans ses bras, et je n'en demandais pas plus que ça. Mouhihi.

Soudain, le Yamanaka se releva, et je m’agrippai à lui afin de ne pas tomber, et de le garder près de moi. Il murmura à mon oreille qu'il ne me savait pas aussi protecteur envers lui.

- Kwêêêêêêê ?! J'ai toujours été protecteur envers vous ! Moi z'veux vous protéger du monde entier ! Le premier qui s'approche de vous je le mange ! Tout cru. TOUT. CRU. COMPRIS ?

Je hurlais. Comme ça, les gens savent à quoi s'attendre s'ils s'approchent de MON sensei. Il est à moi, et c'est tout.

On entrait dans une chambre, juste tous les deux. Il me demandait si je n'avais pas trop la tête qui tournait ? Hein ? Mais pourquoi cette question ? Il en pose des questions bizarres.

- Mais euuuh pourquoi que ma tête à moi elle tournerait ? Je vais bien, vous savez... *hips*.

À moins, que... que... non, ne me dîtes pas que...

- Son poison va me tuer... c'est grave sensei ? Vous pensez que je vais mourir ?

J'avais décollé ma tête de son épaule, afin de le regarder droit dans les yeux. Mes yeux étaient gorgés de larmes. C'était donc ça... il était gentil avec moi car il savait que l'autre gros con m'a empoisonné.

- Je ne veux pas mourir... sensei faites quelque chose, je veux rester avec vous... s'il vous plaît... aidez-moi...

Je pleurais contre lui, les larmes coulaient à flot, entre plusieurs hips, et, en effet... avec la tête qui tourne. Je ne me sentais pas du tout bien. J'attrapais son haut par le dos, tout en pleurant dans ses bras.

Alors que je le portais jusque dans la chambre de l’auberge, Ryûji criait comme s’il voulait informer tout le monde qu’il avait bien l’intention de me protéger de qui que ce soit. Ce qui venant d’un genin pouvait être amusant, mais venant de Ryûji en devenait vraiment comique. Mais pourquoi fallait-il le bourrer pour qu’il se comporte ainsi ? Dans un coin de ma tête, je me souvenais que ma grand-mère m’avait expliqué que l’alcool débridait les mots, et retirait les filtres qui s’imposaient entre nos pensées et nos paroles. Cela signifiait-il donc que Ryûji avait vraiment envie de câlin, mais que sa personnalité fait qu’il se refuse d’en faire ? Bonne question.

En arrivant dans la chambre, je lui demandais si sa tête tournait, un des effets possibles de l’alcool. Et à ma grande surprise, il ne comprit pas réellement la question, et se plongea tout seul dans une détresse pas possible. Alors qu’il était collé contre moi, le visage enfouis dans mon épaule, il leva les yeux, et nos regards se croisèrent. Je crois bien que le regard qu’il m’a fait à ce moment-là, j’aurais bien du mal à l’oublier. Alors persuadé qu’il allait mourir, ses yeux s’embuèrent rapidement, et il fondit en larmes, pendant que je m’asseyais sur une chaise en face du lit, et que par conséquent, Ryûji se retrouvait à califourchon sur mes genoux.

Je n’étais pas vraiment à l’aise, alors qu’il continuait de débiter qu’il ne voulait pas mourir. J’étais dans une position plus que délicate, je me sentais coincé. Le Ryûji de maintenant avait besoin d’affection, qu’on le rassure, et j’avais l’impression de devoir me comporter presque comme l’aurait fait une mère, serrant son enfant dans ses bras en lui donnant de douces paroles pour le rassurer. Sauf que je n’étais pas sa mère, mais son sensei, et qu’il était complètement bourré. Sa détresse éveillait en moi un instinct protecteur, j’avais presque envie de le serrer contre moi pour le consoler, et lui dire que non, il n’allait rien lui arriver de grave. Mais si je faisais ça, j’aurais en quelque sorte l’impression d’abuser de son état. J’étais perdu. Devais-je de nouveau le serrer contre moi comme tout à l’heure, ou alors rejeter son câlin parce que je sais pertinemment que le vrai Ryûji ne m’en aurait jamais fait ? Je ne savais pas.

Dans un premier temps, je devais d’abord le rassurer. Non, il n’était pas en danger. Je le gardais quelques instants de plus contre moi, avant de le poser sur le lit, et de m’asseoir à côté de lui.

- T’inquiètes pas, tu ne vas pas mourir.

Je sais que j'ai dis plus tôt que je ne voulais pas abuser de sa situation, mais c'était le moment opportun pour faire ma première expérience sur ce garçon. Non pas une expérience de type Yamanaka, non, loin de là. Quelque chose de bien moins méchant, et bien plus rigolo. Rigolo pour moi, rien qu'en imaginant si j'avais fais ça au Ryûji sobre. Non, Rei, ne fais pas ça, c'est pas bien. Oh, zut, c'est trop tentant. Tout en prenant mon air le plus gentil possible, je passais ma main dans ses cheveux, les décoiffant un peu. Si Ryûji se souvient de ça, je lui dirais que ce n'était qu'un rêve, ou alors que j'avais oublié qu'il aimait pas ça. De toute façon, c'est de sa faute, il n'avait qu'a pas se comporter aussi adorablement.

Ce que tu as bu s’appelle de l’alcool, c’est une boisson te fait te sentir tout bizarre, c’est normal. Mais t’inquiètes pas, ce n’est pas dangereux.

Je le prenais ensuite par les épaules pour doucement l’allonger, de manière à ce que son crâne arrive tout pile au niveau de l’oreiller. Je restais assis à côté de lui, me demandant bien ce que j’allais pouvoir faire de lui le temps que l’alcool ne fasse plus effet, c’est-à-dire au moins plusieurs heures.

- Il faut que tu te reposes un peu, comme ça, tu te sentiras normal en te réveillant.

Et ça marquerait la fin définitive de la version adorable de Ryûji. Mais tant pis, je suis habitué à l’avoir comme sale gosse. Et puis, même pour lui, je trouvais plus correct d’éviter de le garder éveillé juste pour avoir un Ryûji mignon pendant quelques heures.

Je glissais mon index le long de sa joue, pour essuyer une larme qui y coulait. J’étais songeur, je me demandais si la peur qu’il avait eue de mourir était une création de l’alcool, ou si l’alcool n’avait fait que ressortir des angoisses qu’il avait réellement, en les adaptant au contexte. A force d’essayer d’apprendre à le connaître et le comprendre depuis quelques semaines, j’avais fini par m’attacher un peu à ce gamin insupportable. Juste un peu, non mais oh. Mais aujourd’hui, après ces deux aspects, certes faussés par l’alcool, que j’avais vu de lui, c’est-à-dire une version adorable envers son sensei, et une version dans une détresse totale, je sentais naître en moi comme un besoin, un besoin de le protéger, de le rassurer. Mais j’étais conscient que le vrai Ryûji n’était pas le Ryûji câlin. Quoique. Le vrai Ryûji, est-ce le sobre qui se comporte souvent de manière insolente et un peu trop fière, ou bien le Ryûji qui avait besoin d’affection ? Et si le premier n’était qu’un masque ?

Me revoilà à me poser des questions idiotes.

- Tu te sens un peu mieux quand t’es allongé ?

Les larmes coulaient à flot. Je ne voulais pas mourir, et une réelle peur s'était installée, alors que je m'imaginais en train de décéder de ce poison mortel. Heureusement, Rei était là pour me consoler. Je savais que je pouvais compter sur lui en toutes circonstances, il était toujours là pour moi après tout. Toujours. Au fond, sa présence me rassurait un peu. Il allait me sauver de ce poison d'une manière ou d'une autre, je le savais !

Seulement, il décida de me poser sur le lit, et s'assit à côté de moi. Je le regardais, paniqué. Pourquoi m'abandonnait-il... ? Que lui avais-je fait pour mériter ça ? Oui, juste pourquoi... ? Ne m'aimait-il plus ? Allait-il me laisser mourir de ce mal qui me rongeait ?

- Pou-...

Il m'interrompit, en me disant que je n'allais pas mourir.

- C'est vrai... ? Vraiment vrai ? Vrai de vrai ? ... Vrai ?

Soudain, il posa sa main dans mes cheveux, avant de les ébouriffer. J'eus un frisson sur le coup, comme une réaction normale de mon corps. Puis après quelques secondes, je me détendais tout en souriant. On aurait dit un chat qui se faisait caresser, et qui ronronnait de plaisir. C'était agréable, encore plus de la part de mon sensei !

Il m'expliqua ensuite que ce que j'avais bu était de l'alcool, une boisson méchante en gros. Cela n'avait rien de dangereux, mais il disait que je n'étais pas dans un état normal.

- Bizarre ? Mais je suis tout à fait normal, sensei... *hips*.

Seulement, après que j'aie dit ça, il m'allongea dans le lit. Là, je sentis une forte douleur, comme si mon cœur venait de se briser tout à coup. Il souhaitait donc me laisser dormir, afin de se défaire de moi. C'était donc ça son plan ? Il me détestait donc à ce point ? Il voulait que je me repose, afin que je me sente normal en me réveillant. Mais... je suis normal. Que comprenait-il pas dans ces mots là ? Il ne voulait sans doute pas m'écouter ? Mais qu'avait-il bordel. C'est lui qui était bizarre... pas moi. Moi j'allais super bien, je pétais la forme comme jamais ! Et je voulais un gros câlin. Un bien gros. Après tout, il n'y a que ça pour me rendre heureux, et bien.

Il essuya l'une de mes larmes qui coulaient sur ma joue avec son doigt. Je le laissais faire un instant, puis il me demanda si je me sentais bien allongé. Il ne comprenait vraiment rien... alors, je lui attrapais la main qui était sur ma joue, et ne la lâchais pas. Je le tenais d'une poigne de fer.

- Pourquoi vous voulez m'abandooooonner ? Moi ? Votre fidèle et gentil n'élèveuh ! J'vous ai rien fait de mal, naaaaan ? Alors... *hips* pourquoi que toi vouloir m'abandonner mouuuaah. Pouuuuu... quoi... je suis triste. Très triste !! Alors nah j'vais pas mieux allongé tout seul !

Je me redressais alors, puis je le regardais d'un sourire, avant de me jeter sur lui tout à coup, pour le faire tomber à la renverse sur le lit et m'allonger sur lui.

- Vous êtes mon matelaaaaaaaas à moi. Moi, et que moi ! D'accoooord ? Merciiiii senseeeeeeeeei !

Je riais. J'étais passé de la tristesse et la colère à la joie en un instant, et me revoilà encore en train de faire un câlin à Rei. J'en avais besoin après tout, et j'étais bien comme ça.

- Moi j'suis tout à fait normal, vous savez ! J'me sens pas bizarre du tout du tout, pas même un peu ! Puis, j'ai pas envie de dormir. Nah. Pas dodo. C'est vous qui allez dormir, car vous êtes tout bizarre aujourd'hui. Ok ? Couché !

Il l'était déjà...

Expliquer à Ryûji qu’il n’allait pas mourir avait apparemment fonctionné, malgré le regard effrayé qu’il m’avait fait lorsque je l’avais extirpé de mes bras pour le poser sur le lit. Je crois que si je devais compter sur mes doigts, je n’en aurais pas assez en considérant ceux des pieds et des mains pour compter le nombre de fois qu’il m’a demandé confirmation qu’il était bel et bien en bonne santé en moins de 10 secondes.

- Mais oui, c’est vrai, ne t'inquiètes pas !

Concernant ma petite expérience, elle avait relativement fonctionné. C’était bon à savoir, le Ryûji bourré était docile, même lorsque on lui faisait ce qui le mettait en pétard comme pas possible lorsque il n’avait pas une goutte d’alcool dans le sang. Il avait même frissonné et sourit au contact de ma main sur la peau de sa tête, ce qui à ma satisfaction mêla une sensation de malaise. Je commençais à me dire que faire ça n’avait pas été une idée très brillante de ma part, mais bon. Je voulais essayer. Et puis, de toute manière, il fallait bien que je teste les différences entre les deux Ryûji pour… … … Pour voir si… Pour vérifier que… Ahem, pour mieux connaître mon élève. C’est une raison idiote ?

Lorsque je l’allongeai sur le lit, son angoisse semblait revenir. Je ne comprenais pas trop pourquoi dans un premier temps, n’ayant pour seul indice que ses réactions corporelles. Puis il recommença à geindre, en attrapant ma main et la serrant assez fort.

J’avais beau savoir que c’était l’alcool qui faisait ça, malgré la faible quantité qu’il avait bu, je ne pouvais m’empêcher d’être attendri par ses réactions. Ce gamin était absolument terrible. Déjà que l’affection qu’il me portait là me faisait culpabiliser vis-à-vis du fait que le Ryûji sobre n’aurait jamais fait ça, mais en plus, si pour éviter le premier cas de figure, j’essayais de me montrer le plus neutre possible, et d’éviter de trop lui en donner, c’est le Ryûji bourré qui me faisait culpabiliser de ne pas lui donner les câlins qu’il voulait. Ce gosse va finir par psychologiquement m’achever un jour. Nara Hiroshi, t’aurais pu me prévenir que les sanguinaires d’Iwa étaient plus simples à gérer, merde.

Avec la main qu’il avait agrippée, en la tournant un peu, j’attrapais aussi la sienne pour essayer de le rassurer.

- Mais non, je ne t’abandonne pas !

J’ai bien dit juste au-dessus que je faisais attention à ne pas lui donner ce que le Ryûji de tous les jours aurait refusé ? Eh bien la version saoule ne m’a pas vraiment laissé le choix, me sautant dessus pour me faire allonger sur le lit. Sans même avoir le temps de prononcer le moindre mot, je me retrouvais de nouveau avec mon kouhai lové contre moi, et l’envie passagère de l’envoyer valdinguer d’un coup de pied à l’autre bout de la pièce. Ce que quelques mois plus tôt, je n’aurais pas hésité une seconde à faire.

- Vous êtes mon matelaaaaaaaas à moi. Moi, et que moi ! D'accoooord ? Merciiiii senseeeeeeeeei !

Et il se remettait à rire ce petit con, alors qu’il était en train de briser en miette l’éthique et la conscience professionnelle qu’il me restait. Il avait l’air de se sentir bien comme ça, contre moi, et quel sans-cœur il faudrait être pour lui refuser ça, alors que je ne l’avais sûrement jamais vu aller aussi bien. Je devrais me réjouir, non ? Mon élève, Ryûji, cet enfant qui avait eu une vie assez terrible, passait son temps à faire des bêtises, cet enfant que j’ai vu dans effrayé quand je l’ai rencontré, souvent énervé ou de mauvais poil, emprunt à un certain nombre de doutes, et bien là, il avait l’air de se sentir bien, même super bien. Ce serait juste atroce de lui refuser d’être dans cet état, non ? MAIS POURQUOI FAUT-IL QUE CE SOIT BOURRÉ, ET ALLONGÉ SUR MOI ? Je suis maudit. Je devrais devenir ermite, et adopter un cochon d’inde. S’occuper d’un cochon d’inde, ça, c’est une responsabilité à ma hauteur.

Je me mis tout seul à rigoler. L’image de Ryûji, version cochon d’inde m’était passée dans la tête, avec des petites moustaches, et le triangle nez/bouche sur le museau, c’était une vision assez drôle.

Dire que cette proximité ne me plaisait pas serait exagéré. Parce que j’avais l’impression de recevoir une forme de reconnaissance pour le mal que je me donnais à essayer de lui donner tous les outils pour devenir un bon ninja. Pour les heures que je passais chaque semaine sur mon bureau à réfléchir à ce que je pouvais prendre de l’enseignement que m’avait donné Chiko, et de ce qu’il ne fallait surtout pas que je recopie.

- T’es vraiment pas possible hein. T’as gagné, mais je t’interdis de me reprocher ça ensuite.

De chaque côté de son buste, dans l’espace entre son tronc et ses bras, je glissais mes mains pour finalement les rejoindre dans son dos, entourant son corps de mes bras. Je n’allais pas jusqu’à le serrer contre moi, j’essayais de dresser une sorte de limite, que Ryûji détricotait un peu plus à chaque instant. Face à des ninjas entraînés d’Iwa, pendant la guerre, j’avais su réagir, et avec ma sensei, ainsi que le reste de mon escouade du Rikudô, on avait remporté une victoire qui avait stoppé l’avancée de l’Empire. Et là, face à un gamin dont la seule attaque était de me faire un câlin, je n’étais plus capable de rien. Je ne pouvais pas me permettre de lui rendre en le serrant contre moi, tout comme je n’avais pas la volonté nécessaire pour l’envoyer bouler.

Il me proposa cependant une idée intéressante, dormir. En effet, si je dormais, Ryûji ne pourrait me reprocher des choses qu’il a faite pendant que je dormais. Ou alors, avec un peu de chance, il finirait par me prendre pour un matelas et réellement s’endormir lui aussi, ce qui me permettrait de m’extirper de ses bras et d’attendre qu’il décuve. Une chose m’intrigua cependant, il n’avait pas une seule fois allongé les voyelles sur cette dernière tirade. C’était tôt pour que l’effet de l’alcool s’estompe, mais il en avait bu très peu, donc ce n’était pas impossible.

- D’accord, d’accord. Si tu veux pas être allongé tout seul, on a qu’à dormir tous les deux alors !

En gigotant, j’arrivais à récupérer le pan de couverture qui était sous mon dos pour le glisser par-dessus le dos de Ryûji. Je pivotais ensuite sur le côté, me retrouvant allongé sur le flanc droit, le garçon en face en face de moi. Je fis ensuite passer mon bras gauche par-dessus son corps, posant mon avant-bras et ma main dans son dos, pour maintenir un contact physique, évitant qu’il ne me refasse son caca nerveux comme quoi je l’abandonnais. Qu’il se serre contre moi ou pas n’avait plus d’importance, tel que j’étais positionné, il le pouvait s’il le voulait. Je devais juste attendre qu’il s’endorme, pour pouvoir me glisser hors du lit, et vaquer à mes occupations le temps qu’il se réveille.

technique:

Matelas. Vouiiii. Je crois n'avoir jamais été autant calé que ça dans ma vie. J'étais confortablement installé sur le buste à mon sensei. Je ne le savais pas aussi confortable, vraiment. Je pourrais peut-être le vendre en tant que matelas de luxe dans un magasin ? ... qu'est-ce que je raconte moi ? C'est juste impensable que je partage Rei. Il était à moi, et puis rien d'autre. J'y crois pas, comment une personne dans ma tête a pu avoir une telle idée aussi débile ? On veut que je meure de chagrin et de solitude, ou quoi ? Ils veulent ma mort ! Mais pas de problème, sensei était là pour me protéger de la mort. Mouhihi.

Il finit donc, en plus de ça, par accepter. Owhii. Mon matelas était d'accord avec moi. Après, c'était pas comme s'il avait le choix... il aurait eu un suicide sur la conscience, sinon. Parce que moi, ce que je veux, c'est dormir sur lui ! Par contre, il parlait de ne pas chercher à le lui reprocher par la suite. Neeeeeeh ? Mais de quoi est-ce qu'il parle ? Il dit vraiment des trucs trop bizarres aujourd'hui. Vraiment.

- Maaiiiiis. Pourquoi j'vous reprocherai quoique ce soiiiit. Vous êtes trop gentil, et vous êtes le meilleur de tous les sensei ! Aloooors... bah j'vais rien dire moi. Parce que je suis... *hips* chanceuuuuux !

Je me blottissais contre lui, un sourire aux lèvres. Il me proposait de dormir ensemble. Moi ? Dormir avec lui ? C'est vrai, je peux vraiment ? J'étais... euphorique, tout excité à l'idée de pouvoir dormir avec lui en matelas. C'est trop bien ça.

- Wiiiiih dormons ensemble ! J'ai toujours rêvé de ça moooooi !

Ah bah ça, oui de oui. Il nous recouvrit de la couverture, et je posais plus confortablement ma tête sur lui. Y a pas à dire, j'étais complètement calé. Je ne m'étais jamais senti aussi bien. C'était étrange dans un sens, pourquoi ça ne se passait pas si bien à chaque fois ? Il me rejetait souvent après tout... mais là aujourd'hui, il était gentil avec moi. Et ça, c'est trop cool. Moi, je suis trop content quand sensei est comme ça. C'est peut-être lui qui a bu un peu trop de boisson méchante. Grr. Il passait ses mains sur mon dos, répondant donc positivement à mon affection. Je souriais, avant de fermer les yeux un petit moment.

Seulement, je n'arrivais pas spécialement à dormir. Je voulais profiter un peu de cette position pour me détendre, plutôt que de me coucher tout de suite. Je regardais Rei un moment, et il semblerait qu'il avait fermer ses yeux lui aussi. Dormait-il ? Peut-être. Je relevai légèrement la tête, et je le regardais. Je voyais aussi son cou à découvert, puis une idée un peu farfelue me vint à l'esprit, alors que je m'en léchais d'avance les babines. J'étais soudainement comme... attiré, ou plutôt incité.

Je m'approchais alors de son cou, doucement, avec mon visage. Puis, sans hésiter et d'un coup net et franc, je le lui mordis fortement. Mes dents s'y plantaient, et quelques gouttes de sang coulaient dans ma bouche. Je riais ensuite, avant de me rendre compte que ce goût était juste... exquis. J'en voulais encore... je continuais donc de mordiller pour en avoir encore plus, comme si c'était une... drogue ? On aurait bel et bien dit ça. D'autant plus qu'en buvant son sang, je me sentais... étrangement bien. Comme su un besoin enfouit au plus profond de moi venait de s'accomplir. C'était un moment magique.

C'était une découverte bien particulière, mais qui allait révolutionner mes goûts...

La sensation de Ryûji collé à moi était assez troublante. J’avais à bon nombre de reprises dormi avec des garçons, mais aucun n’avait paru si heureux. J’avais tout d’un coup une profonde remise en question sur mes capacités, puisque le mec le plus heureux d’avoir dormi avec moi était le seul d’entre eux avec qui je n’avais pas couché. Quoique, ils n’étaient pas malheureux non plus ceux-là. ‘Fin bon. Son corps, collé contre le mien me mettait dans une sorte de sensations de bien-être, et alors que j’avais bien l’intention de le laisser s’endormir pour pouvoir me défaire de son étreinte, j’avais au contraire envie de moi-même le serrer un peu plus. Ce n'était, bien sûr, pas la même sensation qu’avec les autres garçons, et au contraire, l’absence totale de désir charnel derrière ce câlin renforçait cet instinct protecteur qui montait en moi depuis que je connaissais le Ryûji bourré.

Au final, je me laissais moi-même avoir par mon propre stratagème. Alors qu’il se serrait contre moi, je le laissais faire, fermant finalement les yeux. Petit à petit, ma conscience s’en allait, vaguant, rêvant. Je me retrouvais au bord d’un lac, gelé. Ce lac, je le reconnaissais, c’était celui sur lequel j’avais appris à patiner des années auparavant. Je voyais un petit garçon, au milieu de ce lac, jouant avec une pierre blanche. Pierre blanche que je reconnaissais aussi. Je ne contrôlais pas mon corps, qui s’avançait inexorablement vers ce garçon, le premier envers qui j’avais finalement ressentit de la bienveillance. Le premier à qui j’ai appris quelque chose. Il faut croire que j’étais déjà un sensei à l’époque. Dans une autre mesure, bien sûr.

Ce que je ressentais envers Ryûji et envers Dai étaient très différent. Dai, je lui étais reconnaissant, reconnaissant de m’avoir donné son attention, d’avoir su voir Rei, et non pas l’ombre de Chiko en moi. Ryûji, c’était différent, je ne lui étais reconnaissant en rien. Mais j’avais la même bienveillance envers lui, et j’avais depuis que je l’avais vu bourré, envie de le protéger. Le tenir loin des Yamanaka d’Iwa.

Inexorablement, mon corps s’approchait de Daijirô, alors que le sien semblait s’éloigner. J’allais enfin l’atteindre, le retrouver, ce garçon qui avait été, pendant quelques minutes, mon élève. Ma main s’approchait de lui, j’allais le toucher, et une douleur aiguë et perçante me sortit de ma rêverie.

J’ouvrai les yeux.

Je crois que je n’avais jamais été choqué de ma vie, et pourtant, il en faut. Ryûji était en train de me mordre le cou, à peu près au même endroit que moi-même, j’avais mordu mon dernier partenaire. Par réflexe, je le poussais, un peu violemment, l’envoyant voler à l’autre bout du lit, et je reculais.

- Tu fais quoi là ?!

J’avais parlé de manière agressive, mais je n’arrivais pas à croire ce que j’avais vu. Je veux bien que cet âge voie arriver le début des premières pulsions, mais là, non. Je passais ma main dans mon cou, et y sentais du sang. Il y en avait même une goutte sur la joue de Ryûji, que je retirais immédiatement. Je vais le tuer ce gamin, je vais le tuer. Il avait profité que je dorme pour essayer de faire ça… Et c’était quoi la prochaine étape ? Me violer dans mon sommeil ?

*Calme toi Rei, calme toi*

Je pris le temps de réfléchir. Il n’avait que 12 ans, ça ne pouvait pas avoir la même finalité pour lui que pour moi. J’osais espérer qu’il n’y aie rien de lubrique dans son soudain intérêt pour mon cou. Je m’approchais de nouveau de lui, pour m’asseoir à côté de là où il avait atterri, pour lui parler d’une voix plus calme et moins soupçonneuse.

- Ryûji, tu peux m’expliquer pourquoi tu me mordais le cou ? Je n’ai pas l’intention de te gronder, mais tu as intérêt à me dire honnêtement pourquoi.

Le principal était d’écarter la finalité sexuelle de son acte. Et si c’était bien ce genre de connotation que ça avait, je crois que je n’aurais pas d’autres choix que d’interroger le vieux, et pas de manière gentille.

La réaction fut sans appel. Alors que mes dents s'étaient plantées dans la peau de son cou, son sang coulait entre mes lèvres. De son côté, Rei avait réagi au quart de tour en me poussant à l'autre bout du lit, visiblement en colère. il me hurlait dessus, me demandant ce que je faisais. En l'entendant, je me léchais les lèvres, pour y récupérer les quelques gouttes de sang qui restaient. Seulement, il me priva de l'une d'entre elle qui était sur ma joue, qu'il s'empressa de me lever. Je sentis comme une douleur au cœur en le voyant faire, comme un manque soudain.

Jamais je ne m'étais senti aussi bien. Je me sentais comme en exaltation, après avoir goûté ce liquide rouge que je n'aurais jamais pensé goûter un jour. Néanmoins, Rei ne semblait pas très ouvert au fait de m'en passer un peu plus. Il s'assit à côté de moi, afin de me demander pourquoi j'avais agi ainsi, tout en étant honnête. Je rigolais, avant d'agripper son bras, et de poser le côté gauche de mon crâne sur son épaule.

- Parce que c'est trop bon. Gaaaaaaaaah. *hips*

Rares étaient les fois où j'étais si heureux. Cette journée était juste la meilleure de toutes les meilleurs journées des meilleures journées que j'ai pu vivre dans ma petite vie de douze ans.

Une nouvelle fois, je fermais doucement les yeux, accroché à son bras. J'étais partagé. Devais-je rester calme, ou bien attaquer une seconde fois ? J'avais peur que Rei commence à me détester pour ça. Ah non, ce serait la pire des choses qui pourrait m'arriver, vraiment...

- Senseeeeei, ne me détestez pas s'il vous plait... je n'ai rien fait de maaaal vous savez...

En disant ses mots, je me redressais un peu afin de me mettre sur les genoux, toujours sur ce même matelas, puis je le regardais dans les yeux, un sourire aux lèvres.

- J'en veeeeux encooooore !

Mon sourire laissait apparaître mes dents, légèrement rougies par le sang précédemment bu.

- Je peux... heein ? Je peux Rei-sensei ? J'ai soiiiiiiif.

Ryûji s’en léchait les babines, face à mon visage atterré. Il recommençait à se montrer anormalement affectueux, mais je n’arrivais plus à percevoir cela comme quelque chose d’innocent. La situation en devenait malsaine à mes yeux, et s’il ne se calmait pas, je devrais agir comme avec son chakra violet, pour le mettre hors d’état de nuire. À ma santé mentale. “Parce que c’est trop bon” me disait-il, mais quelle mouche l’avait piqué ? Je savais cet enfant bizarre, turbulent, et qu’il était capable d’inventer chaque jour d’inimaginables bêtises, mais boire mon sang, c’était une première. Ne cherchez plus, je l’ai l’identité de ce gosse, c’est le fils de Dracula.

- Mais…

Je portais la main qui n’était pas sous l’emprise de l'étreinte chaleureuse de mon Kouhai à mon cou, où une petite quantité de sang coulait toujours. J’en récupérais un peu sur mon doigt, puis le portais à ma bouche, pour voir ce que mon sang pouvait bien avoir d’attirant pour lui. Un peu trop tard, je me rendais compte qu’un peu de sa salive était mélangée à mon sang, ce qui me fit grimacer sur le coup.

- Mais c'est pas bon.

Comment pouvait-il avoir un visage si heureux dans une situation pareille ? Aucune idée. Mais je ne souhaitais sûrement pas l’encourager à ce genre de pratique. Pendant ce temps, il restait accroché à moi, avant de recommencer à dire des inepties comme quoi je le détestais bla bla bla. Vu toutes les misères qu’il m’apportait, si je le détestais, je l’aurais déjà abandonné dans la forêt. Réprimant mon léger agacement, je lui souriais gentiment.

- Mais non je ne te déteste pas. T’es mon élève.

Tandis qu’il se mettait à genoux devant moi sur le lit, je posais mes mains sur ses épaules, prenant un air bien plus sérieux.

- Ryûji, le sang n’est pas une boisson. C’est une substance qui transporte dans ton corps les différents nutriments nécessaires au bon fonctionnement des muscles et des organes. Et tu as de la chance que je n’aie pas de maladie, parce que si j’en avais eu une, mon sang aurait pu être un poison.

Je glissais un doigt sur ses canines d’en haut pour les frotter de manière à effacer les traces de sang qui y restaient.

- Mais qu’est-ce qu’il t’a pris ? Tu n’as jamais rien fait de ce genre avant, si ?

Je glissais deux doigts sur son cou, écartés de la distance qu’il y avait entre deux canines. E cherchais l’endroit où entre son cou et son épaule où la peau était la plus fine, avant d’y planter mes ongles. Pas jusqu’au sang, mais assez pour que ce soit un peu douloureux.

- Cette zone la fait mal en plus, non ? Alors imagine quand tu plantes tes canines dedans. Si t’as vraiment envie de sang, t’as qu’à boire le tien.

Je me levais, pour me diriger vers la porte de la chambre et sortir, refermant derrière moi à clé aux cas où.

- Je reviens dans deux minutes.

Je remontais avec un Orangea Supra, que j’avais goûté cette fois pour être sûr que c’en était bien un.

- Tiens, bois ça.

J’en avais profité pour demander une compresse et du désinfectant à la propriétaire de l’auberge, qui ne me demanda pas comment je m’étais fait ça. Je l’appliquais là où Ryûji avait mis ses dents, pour désinfecter, avant de m’allonger de nouveau, faisant semblant de fermer les yeux. Je me demandais bien s’il avait encore l’intention de me sauter dessus.

- Mais si c'est booooooon. Vous avez pas bien goûté. Maaaaaaaaaah.

Il n'y avait pas à dire, c'est beaucoup trop beau. Je ne sais pas comment il fait pour ne pas aimer ce liquide rouge trop bon. Il avait sans doute des goûts bizarres. Des goûts très très bizarres. Puis c'est tout quoi. Il n'avait pas le droit de dire que ce n'était pas bon, alors que ce n'est que son simple avis. Dans ce cas-là, il doit dire qu'il ne trouve pas ça bon, et non pas que c'est pas bon. Ce n'est pas biend e généraliser et imposer ses goûts à tout le monde. Par contre moi, j'ai le droit de dire que c'est bon. Parce que... parce que... bah c'est moi peut-être ? T'es bête ou quoi ?

Il continuait en voulant me rassurer. Il ne me détestait pas car j'étais son élève. Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Que je n'étais que ça, son élève ?

- Je pensais que j'étais un peu plus que juste votre élève, moi...

Une larme coulait. Ryûji dépressif, round deux. Ou trois. Ou quatre. J'ai perdu le compte. J'avais l'impression de passer de l'euphorie à la rage, du calme au désespoir...

Le discours qui suivit était justement sur le sang. Il m'expliquait ce que c'était exactement, le rôle qu'avait le sang dans notre corps. J'avoue ne pas avoir écouté. J'étais toujours obnubilé par ce goût exquis, en plus de l'état dans lequel j'étais avant ça. Ce n'est pas une boisson ? Bien sûr que si, ça se boit. Il passa d'ailleurs ses doigts sur mes canines, pour y récupérer un peu de sang. J'essayais de le croquer, mais il retira son doigt à temps. Grr.

- Je sais pas c'est boooon. J'ai jamais fait, maaaaaiiis je referaiiiii ! Nananana !

Puis, il fit quelque chose de pas du tout appréciable. Il enfonça ses ongles dans la peau de mon coup.

- AIEEEEEEEEUH ! MAIS CA VA PAS ?

Tout ça pour me faire la morale, en me disant qu'ici ça faisait mal. J'ai pas fait si fort moi, non ? Non, vraiment pas. Il partit en refermant la porte à clé, en me disant de rester tranquille pendant deux minutes, qu'il revenait. Je m'allongeais alors dans le lit en attendant, pas tranquille du tout. Rei m'en voulait, parce que j'ai été un méchant garçon. J'affichais une mine toute triste, alors qu'il revenait enfin, avec une boisson. Eh bah, c'était pas trop tôt. Il m'avait manqué, je l'avoue. Il me demanda de boire ce qu'il m'avait emmené. Il semblerait que ce soit réellement de l'Orangea Supra.

Je restais silencieux, toujours triste de ce qu'il se passait. Je ne bougeais pas de mon lit, alors le verre resta sur la petite table. De son côté, il s'allongea. Il s'était endormi ? Je ne savais pas trop. J'avais peur de refaire une bêtise, et qu'il me déteste vraiment. Mon cœur ne survivrait pas. Mais alors, pas du tout.

Un moment, je me relevais afin d'observer Rei. Ce serait si facile de lui sauter dessus une nouvelle fois, et de goûter une nouvelle fois à ce nectar... si facile... mes yeux le fixaient, alors que je sentais mon ventre grogner. Je me léchais les lèvres, et m'approchais doucement... avant de m'arrêter. Non. Non. Non. Je ne peux pas... il va me détester si je continue. Il faut que je m'arrête... non...

Je regardais tout autour de moi, et vit la boisson. Ce verre pourrait me détendre... oui, il le peut. Et puis comme l'a dit Rei... si je veux boire du sang, autant boire le mien.

*KLAAAAAAAAAAAANG*

Le verre éclata en milles morceaux sur mon bras, qui se mit à saigner abondamment. Puis, je léchais mon propre bras, afin de goûter mon propre sang, mélangé à l'Orangea Supra qui me piquait méchamment maintenant... la douleur était réelle, mais je l'ignorais presque.

Alors que je le rassurais sur le fait que je ne le détestais pas, le revoila qu’il se mettait à pleurer comme un bébé, sous prétexte qu’il n’était “que” un élève pour moi. Il voulait être quoi à ce que je sache ? C’était bien l’occasion de le savoir finalement. Toute la difficulté serait ensuite de savoir si le Ryûji sobre me considérait de la même manière, mais on verra bien. J’essuyais la larme le long de son visage.

- Parce que je suis quoi pour toi ? Je ne suis pas juste ton sensei ?

Après mon petit aller-retour, je m’allongeais de nouveau. Et une nouvelle fois, j’avais réussi à m’endormir. Quel pas doué, je suis. Sauf que je n’eus pas vraiment le temps de commencer à rêver qu’un bruit assourdissant me réveilla de nouveau, et je me retrouvais avec un Ryûji se léchant le bras ensanglanté. Nan, il n'a quand même pas fait ça ?

- Mais qu’il est con !

Désolé, c’est sorti tout seul. Je me précipitais pour voir l’état de son bras, et comme un idiot, il le léchait alors qu’il pouvait potentiellement y avoir des bouts de verre dessus. Et s’il venait à avaler un bout de verre, c’est une toute autre gravité que prendrait la situation. J’attrapais l’arrière de son T shirt et son bras pour l’éloigner de là.

- Mais t’es taré ?

Non, bourré, je sais. Pas le temps de réfléchir, je le portais jusqu’à la petite salle de bains de la chambre, où je retroussais un maximum sa manche pour passer son bras sous l’eau abondamment. Pour éviter qu’il ne rechigne, pas le choix, je retroussais ma propre manche, puis prenais mon kunai pour faire une petite entaille le temps que je m’occupe de son bras. Je pouvais ben sacrifier quelques centilitres de sang, pour ne pas qu’il en perde des litres. Et dans l’état dans lequel il était, pas question d’aller voir Tatsura. Vu le changement qui s’était opéré avec moi en une gorgée d’alcool, il risquerait de demander son cher médecin traitant en mariage.

- Si tu ne peux vraiment pas te retenir, vas y là, mais pas question d’y mettre tes dents, d’accord ?

Au moins, j’avais le champ libre sur son bras pour y retirer les morceaux de verre. Et ça ne devait pas faire du bien. Le plus délicatement possible je les soulevais pour ensuite les retirer complètement. Il devait probablement y en avoir tes touts petits, alors j’utilisais le suiton pour tenter de les désolidariser de sa peau. L’opération prit bien entre 5 et dix minutes, laissant bon nombres de coupures sanglantes sur le bras de mon Kouhai.

- Si tu voulais ton sang, une simple morsure, ou une toute petite entaille de rien du tout aurait suffit non ?

Je bénissais l’aubergiste qui m’avait donné des compresses supplémentaires pour mon cou. Pas de pitié, j’aspergeais la partie blessée de son bras de désinfectant, pour ne pas que ça se transforme en une plaie infectée et grave. Gérer Ryûji, okay, Gérer Tatsura, non merci. Quoiqu’il ne viendrait pas à l’idée à ce médecin de s’exploser un verre sur le bras pour boire son sang. Soit. Pour ne pas trop que le désinfectant pique, je maintenais un peu d’eau au niveau de son bras à l’aide du suiton.

- Ne refais jamais ça, compris ?

On restait encore une bonne dizaine de minutes comme ça, avec mon entaille dans le haut du bras et moi maintenant celui de Ryûji sous l’eau jusqu’à ce que ça ne saigne plus. J’appliquais ensuite une dernière couche de désinfectant, avant de poser les compresses restantes sur ses plaies. Il n’y avait plus de bouts de verre, je n’étais pas mécontent du résultat, mais je me maudissais d’avoir suggéré à Ryûji de boire son propre sang. Comment aurais-je pu deviner que ce triple idiot allait s’exploser un verre sur le bras ?

Une fois les compresses posées, je le portais de nouveau jusqu’au lit. Et cette fois, je le tenais, pas question de le lâcher. À la vitesse à laquelle il pouvait faire une bêtise, j’aurais à peine le temps de cligner d’un œil qu’il se serait volontairement frappé contre quelque chose dans l’espoir de saigner, ou quelque chose comme ça. Je passais un bras au niveau de son ventre pour le tenir contre moi, pendant que mon autre bras maintenant la compresse sur le sien. Mon bras avait lui aussi cessé de saigner.

- Alors, faire des bandages, me charcuter le bras pour que tu te laisses soigner, et te tenir comme ça, tu crois que je ferais tout ça pour un simple élève ?

Un simple élève, non, mais un élève bourré, ce n'est pas comme si j’avais le choix.