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Aujourd’hui était le grand jour, j’allais enfin avoir mon élève. Ou plusieurs, je ne sais pas encore, ma grand-mère étant restée évasive sur le sujet. Ça m'énerve lorsqu’elle fait ça. Ce matin, c’est elle qui m’a annoncé que celui-ci voulait me voir, et qu’il allait me présenter celui qui serait probablement à mes côtés pour un bon moment. Il était clair qu’elle savait de qui il s’agissait, peut-être même de quelqu’un que j’avais déjà croisé, qui sait. Mais elle refusait catégoriquement de me donner plus d’informations à son sujet.

C’est donc enjoué que je me suis rendu chez le Hokage, non sans faire demi-tour à mi-parcours après m’être rendu compte que j’étais toujours sous forme enfantine. Dans le genre boulet, il faut avouer que je faisais fort sur le coup.

Pourquoi sous forme enfantine ? J’vous explique. Il se trouve que ma grand-mère m’a recueilli à la fondation de Konoha. J’avais donc quasiment 16 ans, et je ne l’avais jamais vu avant. À  l’époque, elle habitait à Iwa, mais mes parents ayant déserté Iwa bien avant que les Yamanaka ne fassent de même, je n’avais donc jamais eu l’occasion de la rencontrer. C’est pour cette raison que j’ai utilisé une technique, le Henge no Jutsu afin de lui montrer à quoi je ressemblais quand j’étais petit. Puis après un après-midi à me faire chouchouter par les vieilles du clan comme un gamin de 5 ans, elles ont décidé sans vraiment me demander mon avis que lorsque je me déplacerais dans les résidences des Yamanaka, je devrais avoir cette apparence enfantine.

Cependant, j’ai tellement pris l’habitude d’avoir cette forme qu’il m’arrive d’oublier de la quitter. Or, à part le cercle des plus de 65 ans du clan, personne ne savait que le petit Rei, que j’ai moi-même nommé Ren, et bah en fait c’était moi. Du coup, si je me présentais ainsi devant le Hokage, je pense que je perdrais toute crédibilité en tant que ninja, mais encore plus en tant que sensei.

Profitant d’un coin de rue sombre et non fréquentée, une fois absolument sûr et certain que personne ne remarquerait, je repris ma forme adulte, un peu plus sérieuse quand même. Puis je m'avançais jusqu’à la résidence de Nara Hiroshi, le Hokage, qui fut fort bref niveau formalité, puis qui me présenta assez rapidement le cas que j’allais avoir à gérer. Ryûji, 12 ans, genin. Jusque-là, tout va bien, j’ose espérer qu’à cet âge, il sera assez mature pour que ça ne se transforme pas en baby-sitting.

Le Hokage me parla ensuite d’une autre fonction que je devrais assurer, celle de canaliser les potentiels excès de colère du garçon en question. Vous sentez venir l’embrouille ? Non ? moi, je la sens venir à des kilomètres. J’suis ninja, pas assistant social, ni psychologue. J’écoutais cependant avec attention les explications du souverain de Konoha. Pour résumer, j’allais avoir comme élève un gamin “perturbateur” selon ses dires, pour ça, pas de soucis. Mais qui pouvait de manière inexpliquée avoir des crises de folie, où il semblait perdre tout contrôle de lui-même. Je fis rapidement le rapprochement avec le Shintenshin, et Hiroshi me confirma que c’était la raison pour laquelle c’est à moi qu’on le confiait. Et que je le trouverais probablement sur la rue principale du village.

Remerciant le Hokage, je me rendis donc vers l’avenue.

“Petit avec des cheveux marrons” étant les seuls éléments que j’avais afin de reconnaître le gamin en question. Rien qu’en venant, j’en avais croisé plus d’une dizaine correspondant à cette description. Pourquoi personne ne m’avait prévenu qu’avant de jouer au prof’, j’allais devoir jouer à cache-cache ?

Essayant au milieu de la foule de distinguer parmi les gosses un gosse plus turbulent que d’autres, je finis rapidement par comprendre qu’il allait m’être impossible de le trouver ainsi, ce qui m’agaçait au plus haut point, me donnant l’impression de perdre mon temps. Je m’assis alors sur un banc, et glissai dans ma bouche mon petit pêché mignon, une sucette de la marque KunoichiKandy. Goût sauce soja, ma préférée. Mes papilles se réjouissaient de sentir le goût du soja fermenté se répandre le long de ma langue, puis de l’intérieur de mes joues.

Un gamin aux yeux rouges et habillé d’un haut bleu passa sous mes yeux. Je voyais souvent les enfants jouer ensemble, donc autant tenter ma chance et demander.

-Eh petit, par hasard, je cherche un certain Ryûji, tu l’connais ?

- Eh eh papy ! Papy ! Réveille-toi bon sang, j’dois te montrer un truc !

Le vieux s’était encore endormi en plein dans l’après-midi. Sérieusement, j’le comprends pas moi comment il fait pour passer tout son temps à dormir celui-là. L’après-midi ne faisait que de commencer, et le voilà déjà en train de roupiller. Nan mais faut qu’il apprenne un peu à profiter de la vie lui. Même si c’est un vieux croûton, il doit bien lui rester encore quelques jours à vivre, alors autant en profiter ! C’est pas en dormant qu’il va profiter du temps qu’il lui reste avant de clamser. Normal, non ? Non, je ne dis pas qu’il va bientôt mourir... juste qu’on ne sait jamais, voilà tout.

En tout cas, il dormait les poings fermés, et... en ronflant bien fort. Incroyable. C’est pas comme si on avait une forge à tenir nous ! Bon ok, les clients étaient plutôt rares, car nous n’étions pas encore très connus. À l’autre bout de village, y avait une boutique d’armes bien plus populaire, et surtout moins dans un trou paumé comme nous. Quelle misère franchement. Bon, c’est décidé, on va réveiller l’ancêtre.

- Ohé l’vieux secoue-toi un peu les puces !

En disant cela, je tirais son bras pour le faire sortir du lit, mais rien à faire. Il était bien trop lourd pour moi. Pfiou. Vous verrez ma tête à ce moment-là... on pourrait presque voir une veine dépassant du haut de mon crâne. J’aime pas quand il dort en m’ignorant, ce satané vieux ! Et en plus, il ronfle fort, et c’est pas comme ça qu’on va attirer des clients. Parce que oui, on l’entend de dehors.

Clients... oh mais oui, la voilà la solution !

- PAPY Y A UN CLIENT !
- Quoi ?? Ou ça ?!
- Haha j’t’ai eu !

Paf. Violent coup sur l’arrière du crâne, je laissais échapper quelques petits "aïe aïe aïe" après ce coup, mais le résultat était là, il était enfin réveillé ! J’allais enfin lui montrer ce qui faisait ma joie de la journée !

- Eh papy, regarde ce que j’ai réussi à faire !

Je lui montrais donc un kunai, mais pas n’importe lequel. C’était le tout premier kunai que j’avais forgé tout seul. Le fruit de mon dur labeur, en deux ans d’apprentissage était là. Il s’agissait de ma toute première arme que j’avais moi-même forgée, et j’en étais plus que fier. Le vieux regarda ce que je lui tendais, tout en se frottant les yeux. Il bailla, puis me regarda.

- C’quoi ?

…

- GAAAAAAAAAAH T’ES SÉRIEUX LA ?
- Oh, un kunai. Raté en plus.

Furax, je balançais le kunai juste à côté de lui, et celui-ci heurta le mur de bois avec violence, et il se fissura. Le mur ? Non non, le kunai. Vaincu par un mur de bois de mauvaise qualité.

Un silence de plomb s’installa. Je regardais le kunai d’un air déçu, puis je jetai un coup d’oeil à mon grand-père. Notre regard se croisa, et il explosa de rire.

- HAHAHA HOOOHOHOHO ! Pardon gamin, mais j’ai jamais vu une arme aussi pourrie ! T’as encore du chem…
- LA FERME !

Sur ces mots, je m’en allais en ville, me changer les idées. Avant de sortir de son champ de vision je me retournais, et celui-ci était toujours en train de rire comme pas possible. Je me contentais de lui tirer la langue, avant de partir plus loin.

Je marchais le long de la rue principale de Konoha. Là, de nombreux marchands, et de nombreuses personnes s’y trouvaient. Ici, j’aurais de quoi me changer les idées assez facilement, après tout. Et surtout, me remplir la panse avec mon argent de... mon argent que j’ai oublié à la maison. Merde, je le vois déjà se foutre de ma gueule d’avance si je rentre car j’ai oublié mes sous. Grrr. Il va falloir improviser. D’autant plus que je passais devant de nombreux stands de nourriture, dont mes préférés... et puis surtout, y avait des bonbons. Beaucoup de bonbons, et même des glaces. Raaah c’est trop pour mes petits yeux... je souffre. Help me.

Broyant du noir, je continuais de marcher, dépité. Il me fallait un plan, tout de suite.

- Eh petit, par hasard, je cherche un certain Ryûji, tu l’connais ?

Nani ? Ryûji ? Oh mais c’est mon nom ça, et lui c’est... UNE SUCETTE ! DANS SA BOUCHE. Le voilà mon plan, brave toutou !

- Ouaip j’connais, c’était mon pote à l’académie !

Je lui fis un immense sourire, avant de m’asseoir à côté de lui, sans le lui demander. Nous n’étions que tous les deux sur ce banc, alors je me permettais de me mettre à l’aise, les deux pieds dessus.

- J’peux te mener à lui s’tu veux ! Mais en échange, je veux...

D’un sourire et d’un regard plein de malice, je pointais du doigt le petit bâton qui sortait de sa bouche.

- La même sucette que la tienne ! S’teuplé !

Le garçon semblait tracassé par quelque chose, mais ses soucis semblaient s'envoler alors que je lui adressait la parole. Il s'assit à côté de moi. Bonne Nouvelle, il connaissait le fameux Ryûji était même son ami. S'il avait des amis, c'est qu'il ne devait pas être si terrible ce gamin. En tout cas, j'allais pouvoir le trouver, ou au moins avoir plus d'informations à son sujet.

Ah, il était à l'académie lui ? Je ne l'avait pourtant croisé ni lui, ni d'enfant s'appellant Ryûji. En même temps, à raison de deux heures une semaine sur deux, je n'avais pas eu le temps de voir la plupart des enfants de l'académie lorsque j'y ai enseigné. C'était à chaque fois des élèves différents que j'avais, donc impossible de me souvenir du visage et du nom de chacun. C'est pour cette raison d'ailleurs que j'avais hâte d'avoir mon premier élève à moi et rien qu'à moi, et pas que pour deux heures. Moi, possessif ? Naaaan. J'vois pas de quoi vous parlez.

- Mais en échange, je veux la même sucette que la tienne

Oh le sale gosse. Me retenant de rétorquer à ce gamin que lorsque il sera grand, il aura "la même", mais c'est une blague que je réserve à Satoru qui complexe à ce niveau là.

Dans tous les cas, ce gamin avait clairement un but intéressé, et cela ne me plaisait pas. Nous sommes à Konoha, un village ninja, et la coopération est une vertue que je considère comme primordiale dans une telle institution. Comment ça, c'est qu'un enfant ? Certes mais je me demande bien qui sont les parents de ce sale gosse pour qu'il soit aussi mal éduqué.

Cependant, j'avais besoin de trouver Ryûji, et, même si je commençait à me demander s'il le connaissait vraiment, j'allais rentrer dans son jeu. Regardant la poche intérieure de ma veste, je pouvais distinguer deux sucettes. Une au Miso, et une à la morue. La première ayant un goût absolument exquise, et l'autre que je ne comprends pas ce qu'elle faisait là puisque je ne supportait pas ce parfum.

Ça m'apprendra à me servir dans les reserves de ma grand mère sans vérifier. La prochaine fois, je regarderais ce que je prends. Quoiqu'en l'occurrence, j'étais bien content d'en avoir une comme ça. Je regrettait presque de ne pas avoir celle au lait fermenté. Je lui montra la sucette en question, avant de la remettre dans ma poche. Étant donné que le parfum n'est marqué nul part et que la marque est tellement rare que la probabilité qu'il connaisse est faible, il ne s'attendait probablement à ce qu'il allait manger.

- Emmène moi à Ryûji, et elle est à toi.

Hi hi hi, que je peux être sadique parfois. S'il croit vraiment que je cederait une sucette au Soja ou au Miso, il se met les doigts dans l'oeil ce petit mal élevé.

Tout en attendant sa réponse, j’observais cet homme à qui j’avais proposé mon aide contre une de ses sucettes. Il était bien plus grand et âgé que moi, bien que pas autant que l’ancêtre qui me sert de grand-père, et était roux. Il n’avait donc pas d’... Alerte discrimination. Censure dans 3, 2, 1... il avait donc une âme. Non j’déconne. Haha l’alerte discrimination, tu l’as pas vu venir celle-là, hein ? Eh bim, j’ai gagné. Que je suis fort, un jour ils seront tous à mes pieds.

Mais bref, revenons à nos moutons. J’étais dans une situation assez comique dans un sens : un homme me recherchait, et me demandait à moi-même où est-ce que j’étais. Du coup, je me suis fait passer pour une autre personne, qui était l’une de mes connaissances. Donc pour lui, je ne suis pas moi, et je ne me fais pas passer pour moi. Je suis moi, sans être moi. Tu vois ? C’est presque aussi compliqué que Kingdom Hearts, j’y crois pas. M’enfin, toujours est-il que je me demande bien ce qu’un inconnu voulait obtenir de moi. J’avais bien remarqué son bandeau ninja, et c’était ce qui m’inquiétait. Qu’est-ce qu’un ninja pourrait bien me vouloir ? Il avait peut-être une mission qui consistait à m’arrêter pour l’une des bêtises que j’aurais faite ?

Plus j’y pensais, et... plus c’était probable. Papy n’a pas dû rembourser un truc que j’ai cassé, ou je ne sais pas quoi. Rah la galère. Au moins, j’aurais une sucette pour me consoler. Sucette qu’il me montra d’ailleurs, et qui me mit l’eau à la bouche. Cependant, la désillusion fut de taille lorsqu’il m’annonça qu’il souhaitait que je l’aide avant de me récompenser. Je soupirais, tout en posant mon coude sur mon genou, et ma tête dans ma main. Il ne comprenait pas.

- Et pourquoi j’devrais te faire confiance ? C’est vrai quoi. Vous les grands, vous êtes tous pareil. Vous n’pensez qu’à vous. Je sais très bien que tu partiras sans rien me donner après l’avoir retrouvé. Et puis d'abord, tu lui veux quoi à Ryûji ?

Je baissais les yeux, mimant une expression attristée. Mon grand-père dit toujours que j’ai tout pour être un excellent acteur, vu comment je me sors des ennuis comme ça après chacune de mes bêtises. Après quelques secondes de silence, je relevais légèrement les yeux, puis je regardais le ninja dans les yeux, toujours avec ce visage tout triste.

- C’est comme cet homme, l’autre jour, qui s’est servi de moi pour obtenir ce qu’il voulait, et qui a ensuite disparu comme par magie... alors qu’il m’avait promis de me faire un cadeau...

De qui je parle ? De personne voyons. Ce n’est qu’un tout petit mensonge, histoire de faire pencher la balance en ma faveur. Et pour ça, j’étais plutôt doué, je dois bien l’avouer. C’était ma petite fierté après tout.

Je lui fis une moue de plus en plus triste, tout en restant naturel un maximum. Puis, je reprenais.

- Alors... j’aimerais bien avoir cette sucette, s’il te plaît... et après, on part à la recherche de Ryûji tous les deux !

Mon potentiel kawai venait de décupler avec cette expression toute triste. Je me tirerai bien les joues, si ça ne ferait pas trop cramé. Et un peu psychopathe dans un sens... non ?

J’attendais un petit moment, puis mes mains vinrent toucher la sienne, et un grand sourire apparut sur mes lèvres.

- ... C’est promis !

Mouhihi. Ah bah ça, c’est sûr. Et dans un sens, il n’aura même pas à se déplacer pour me trouver, car je suis là. Il pourra me remercier !

Ce garçon que je ne connaissais pas me donnait pas mal de fil à retordre. Comment un gamin d’une dizaine d’années pouvait autant m’agacer ? Aucune idée, mais il se débrouillait très bien dans cet art. Dommage que ce ne soit pas une compétence évaluée à l’académie, sinon, il aurait été directement promu jônin. Je pris donc mon mal en patience afin d’écouter ce qu’il avait à dire.

Se plaindre, c’est apparemment tout ce qu’il savait faire. Nan, vraiment, c’est qu’il a de mauvaise fréquentation mon futur élève à ce que je vois. Après, c’est vrai que faire confiance à un ado de 16 ans qu’on n'a jamais croisé est loin d’être une idée digne des plus grands génies, et qu’elle serait au contraire aussi crédible que de faire confiance à un gamin comme lui pour diriger Konoha.

Ce que je voulais à Ryûji ? Actuellement, lui installer une petite lumière qui clignote sur la tête  sur laquelle serait marqué son prénom pour le reconnaître de loin. Manquerait plus qu’elle indique l’heure et sonne pour les repas, et ce serait parfait. Ce serait quand même dommage de perdre 34 secondes de mon précieux temps de pause. 34 secondes de moins avec mes précieuses KunoichiKandy dans la bouche. Quoique, j’en prends aussi quand je bosse au final.

-Ryûji, j’ai un message à lui transmettre.

Son air malicieux se transforma progressivement en un air tout tristounet. Si ce petit ne s’était pas montré aussi mal élevé, je lui aurais donné la sucette au Miso. C’est l’une des rares de cette marque que les enfants sont susceptibles d’aimer. Mais malheureusement pour lui, il n’était pas tombé sur ces ninjas au grand cœur, vaquant le monde pour sauver des gens, aider les plus faibles, ou toutes ces choses que je ne fais point, ne pouvant m’éloigner trop de temps d’une réserve conséquente de sucettes à la sauce soja.

Il évoqua alors un homme qui se serait servi de lui. Chose qui attira un peu plus mon attention. Que quelqu’un se serve d’enfants à Konoha même me posait par contre plus de problèmes.

-Que voulait-il ce monsieur ? Et il t’avait promis quoi comme cadeau ?

Instinctivement, je m’inclinais un peu de manière à avoir mon visage à la hauteur du sien. Je n’y connaissais pas grand-chose en psychologie infantile, mais j’avais naturellement tendance à imiter le comportement qu’avait Hayato avec moi à l’époque où il était en vie. Malgré tout, il avait presque quelque chose de touchant finalement.

… Faut que j’me reprenne, j’suis pas baby sitter moi. Puis, de toute manière, il faut que je me dépêche, puisque j’ai pas mal de sujets à aborder avec mon futur élève. Cependant, vu qu’on était déjà en plein milieu de l’après midi, je n’aurais pas le temps d’évaluer ses capacités, ce que je ferais demain. Ensuite, je verrais avec le Hokage si j’peux l’embarquer avec moi dans quelques missions de routine de rang D, histoire de voir ce qu’il vaut sur le terrain.

Oui, je fais énormément de missions de rang D, ça vous pose un problème ? Il faut bien gagner sa vie lorsqu’on ne quitte pas Konoha. Enfin, pas pour des missions.

Essayant de lui faire un sourire rassurant, chose qui était loin de mes habitudes, je mis ma main dans l’intérieur de ma veste pour en sortir une sucette. Pendant une microseconde, mon doigt  attrapa celle au miso avant de revenir sur celle à la morue que je glissais dans la poche du garçon.

-J’te laisse la manger, dès qu’on aura trouvé Ryûji. Ah, après ça, faudra que tu me parles de cet homme qui a disparu sous tes yeux, histoire que je me renseigne un peu à son sujet.

Je suppose que c'est un bon compromis.

Spoiler:

Plus les minutes passaient, et plus je commençais à m’impatienter. Il me tardait d’avoir une sucette dans ma bouche, ou toute autre sucrerie pouvant exalter mes papilles. Il le fallait. Après ce début d’après-midi pas aussi bien que ce que je l’avais imaginé, il me fallait quelque chose comme cela pour me réconforter. Et cet homme, inconnu, était la personne idéale pour répondre à cette attente particulière. Si j’arrivais à l’attendrir, je pourrais peut-être obtenir ce que je veux, voire peut-être plus qui sait ? Il me payera peut-être même un repas ! Ce serait trop beau, mais pas impossible. Mais pour l’instant, concentrons nous sur la sucette, avant tout. C’était la première étape.

Dans tous les cas, j’en savais maintenant un peu plus sur ce qu’il me voulait. Apparemment, il avait un message à me transmettre. Quelle sorte de message un ninja comme lui pourrait me transmettre ? Se pourrait-il qu’il mente, en s’imaginant que dire sa véritable intention à un ami ne serait pas une bonne idée ? C’était une possibilité à ne pas exclure. Bien que j’avoue que ma curiosité atteignait son paroxysme. Au pire, dans tous les cas, je m’enfuirais en courant comme à mon habitude. Cela a toujours plutôt bien marché, alors pourquoi pas maintenant ?

Il me demanda ensuite ce que me voulait cet homme. L’homme ? Quel hom... ah, celui-là. Lui que je venais d’inventer son existence, à l’instant même. Je me devais de trouver une réponse, et vite, afin de ne pas attirer les soupçons. S’il apprenait que j’ai menti, ce serait contre-productif. Et puis surtout que... BWAH UNE SUCETTE.

Ahem. Du calme... oui, une sucette. Mon plan avait marché, puisqu'il en mit une dans ma poche, en me disant que je la mangerais une fois qu’on aura retrouvé Ryûji, c’est-à-dire... moi. Mouhihi. Un grand sourire grandissait sur mon visage. Ah, et il voulait toujours en savoir plus sur ce soi-disant individu. Mais mes pensées étaient trop occupées par ce qui habitait ma poche pour réfléchir à un mensonge décent. Je prenais la sucette qu’il avait déposé dans ma poche, et la fixai avec de grands yeux. Je salivais d’impatience de la manger !

- D'accord ! Oh et pour l’homme... rien de spécial tout compte fait, c’est de l’histoire ancienne.

Ah bah oui, pas besoin de chercher plus loin maintenant que j’ai obtenu ce que je voulais. Maintenant, j’allais pouvoir le mener jusqu’à moi-même ! Et ensuite, je goûterai à cette succulente sucette qui me faisait face. Mouhihi. Un deal est un deal. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’ai jamais été du genre à rompre une promesse que j’avais faite. Là en l'occurrence, je me devais de lui dire toute la vérité, et de recevoir le message qu’il a à me transmettre. Parce que oui aussi, je suis très curieux. Et ça, ça peut me poser des soucis. Il faut que je me prépare à fuir, au cas où ce n’est pas un message gentil.

- Yosh, je vais te mener jusqu’à lui, et... oh, on est arrivé.

Mouhihi, il doit pas comprendre ce que je lui raconte. Je souriais d’un grand sourire, et me levait du banc, afin de lui faire dos. Puis, je me retournais tout à coup, tout en tendant la main avec le sucette vers lui, et en le regardant droit dans les yeux.

- Tu as devant toi le garçon qui deviendra le plus grand ninja de tous les temps ! J’ai nommé le resplendissant... Ryûji ! Haha, oui c’est moi ! Et maintenant qu’on est arrivé jusqu’à moi, c’est l’heure de manger !

Là, il devrait être trop content de m’avoir trouvé. Il peut être reconnaissant, car je l’ai bien aidé, hohoho. Je déballais alors la sucette de son emballage, que je regardais sans ce papier moche autour d’elle. Elle était bien plus jolie comme ça. Et bien plus appétissante... après quelques secondes à la fixer, je me décidai enfin d’y goûter. Doucement, je passais ma langue sur la sucrerie, et...

...

BERK. C’est quoi ça ?! Mais c’est dégueulasse ! Même les chaussettes de grand-père devraient avoir meilleur goût ! Je me sentais tout à coup mal, je m’étais figé sous cet horrible goût. Je me sentais pas du tout bien.

- PWAH PEUH PEUH ! Mais c’est... dégueulasse !

J’en crachais même par terre, et ce n’était pas un cinéma. C’était véritablement infect comme goût. Je regardais l’homme d’un regard furax, et je lui envoyais la sucette dessus, comme si c’était un kunai.

- T’as voulu m’empoisonner !

Sans réellement y penser, la sucette avait pour destination les vêtements de l’inconnu. De quoi faire une bien vilaine tâche...

Morale de l’histoire : ne jamais accepter les bonbons des inconnus.

En découvrant la sucette dans sa poche, le petit garçon fit un grand sourire. Un coup il joue le sale mioche, un coup le triste, un coup le garçon le plus heureux du monde, je me demande s’il n’a pas des troubles bipolaires, voire tripolaire celui-là. Ou alors il est juste idiot, c’est une autre possibilité.

Il détourna rapidement la conversation concernant l’homme en question, ce qui ne me rassurait pas pour autant. La dernière fois que j’avais faits de même, c’était lorsque la sœur de Satoru m’a demandé pourquoi il avait du mal à marcher. Je n’assumais pas vraiment, étant donné que c’était de ma faute. Je l’avais emmené en forêt, dans une petite lisière sombre. Les buissons au sol rendaient la vision difficile, et mettre un pied devant l’autre n’était pas aisé. Alors qu’il se baissait, je lui ai marché sur le pied, et il s’est ramassé au sol de manière tout à fait comique. Cependant, son dos a heurté très malencontreusement le champignon qu’on cherchait depuis environ 3h, écrasant nos espoirs de déguster une bonne soupe à base de celui-ci.

Mais revenons à notre petit garçon. Avait-il quelque chose à se reprocher vis-à-vis de cet homme ? Pire, cet homme aurait-il fait du mal à cet enfant ? Autant de questions que je me posais, et auxquelles je ne manquerais pas de songer plus tard, lorsque j’aurais enfin trouvé ce fichu Ryûji.

Lorsqu’il me proposa enfin de m’accompagner jusqu’à Ryûji, je me retins de pousser un soupir de soulagement. Cela avait été compliqué, mais j’allais enfin pouvoir rencontrer mon élève.

-Oh, on est arrivé.

Pardon ? Hein ? Quoi ? De quoi ? Regardant autour de moi, je vis deux ou trois enfants avec des cheveux marron. Ryûji était-il l’un d’eux ? Probablement, alors pourquoi ne s’était-il pas approché plus d’eux ?

- Tu as devant toi le garçon qui deviendra le plus grand ninja de tous les temps ! J’ai nommé le resplendissant... Ryûji ! Haha, oui c’est moi ! Et maintenant qu’on est arrivé jusqu’à moi, c’est l’heure de manger !

Retenez-moi d’envoyer ce gosse directement en prison. Pendant quelques secondes, j’eut envie de prendre mon kunai, et dessiner sur le visage du garçon avec. Je pense qu’en prison, il sera plus en sécurité qu’avec moi. Honnêtement. Heureusement que je ne lui ai pas donné la sucette au Miso, il l’aurait regretté toute sa vie.

Alors c’est vraiment toi, Ryûji Nomdefamilleinconnu ?

Au moment de porter la sucette à la bouche, je me retins de rire. Mais lorsque son sourire, que trente secondes plus tôt j’aurais trouvé mignon mais qui maintenant me donne des envies de meurtre se transforma en une grimace tordant son visage, je ne pus m’en empêcher. La dernière fois que j’avais malencontreusement goûté une de ces sucettes, le goût était resté environ 3 heures dans ma bouche. Il allait le payer ce petit.

Qu’est-ce qui me prouve que tu es Ryûji ?

En soi, la réponse était assez évidente. Certe, la description physique du garçon que m’avait fait l’Hokage était absolument vague, mais il correspondait tout à fait au mioche insupportable qu’il m’avait décrit.

-Méchant garçon, ce sont pourtant les sucettes préférées de ma grand mère. T’as pas de goût.

Cette sucette se dirigeait alors vers moi. Avec un air fou de rage, il la lança. Trop lentement pour qu’elle atteigne sa cible, puisque je pus aisément l’attraper. Me levant pour me rapprocher de lui, je pris un air le plus sadique possible, et sortis d’un ton condescendant.

-Et ça se prétend ninja ? Louper ta cible à cette distance, même un enfant de 6 ans ne le ferait pas.

Puis je me réinstallait à ma place. En réalité, la seule raison pour laquelle je l’avais rattrapée est mon entraînement. Sans ça, j’aurais sûrement eu une tâche qui aurait donné une odeur nauséabonde à ma veste, même après 40 lavages.

-Mon nom est Yamanaka Rei. à partir d’aujourd’hui, je serais chargé de ton éducation, et de faire de toi un ninja. Et y’a du boulot.

Mais aussi de maîtriser ses pétages de câble, mais ça, je l’aborderais avec lui plus tard. En tout cas, j’avais beaucoup à apprendre aussi en pédagogie. Certes, je n’appréciais que moyennement la blague que ce gamin m’avait faite, mais je me rendais bien compte que j’y étais peut-être allé un peu fort. Lui indiquant du doigt une échoppe où ils vendaient des boissons, j’ajoutai, essayant de faire baisser un peu la tension :

-J’te paye un truc à boire, histoire de faire passer le goût ?

Ryûji Nomdefamilleinconnu ? Mais qu’est-ce qu’il raconte celui-là. Je n’ai pas besoin d’un nom de famille aussi minable pour être célèbre ! Bon ok, célèbre j’abuse peut-être un peu trop,  La seule chose pour laquelle on pourrait à la limite me connaître, c’est dans la réputation que je commençais à me faire à force de m’attirer des ennuis en tout genre. Oui pour ça, j’étais bien doué. C’était plus fort que moi, il me faut faire des bêtises, crier sur tout le monde, me jouer des gens... je ressens une certaine liberté lorsque j’agis ainsi. Une liberté que je n’avais que depuis très peu de temps. Je voulais plus que tout en profiter.

Dans tous les cas, il m’avait bel et bien empoisonné cet enfoiré. Je sentais ma bouche se putréfier sous le goût infect de sa sucette. C’était juste horrible... si je le pouvais, je me serais déchiqueté la langue avec une râpe à fromage. Oui, ça fera mal, mais... je serais prêt à tout pour me débarrasser de ce goût. Je n’entendais même plus ce qu’il racontait, comme soi-disant c’était les sucettes préférées de sa grand-mère. Mais qu’est-ce que je m’en fous de sa vieille. Il pouvait pas savoir à quel point ! Alors oui, énervé, j’avais bel et bien jeté cette sucrerie infecte sur lui. Et j’espérais de tout mon cœur que celle-ci allait tâcher ses vêtements, ou mieux le tuer sur place par je ne sais quelle magie du saint-esprit. Pitié, faites qu’il meure et je vous en serais reconnaissant pour l’éternité !

Et il semblerait que ma prière... n’ait pas été exaucée. Triste sort, il avait rattrapé la sucette en plein vol. Il se rapprochait alors de moi, avec un visage absolument... sadique. Il me fit la morale, en se moquant du fait que je l’avais raté, et que soi-disant un enfant de six ans ferait mieux que moi. Il pensait que je me prétends ninja ? Mais... je l’étais pour de bon. Il n’avait pas le droit de remettre ça en cause. Un jour, je serai le plus grand ninja de tous les temps, alors ce n’était un gars comme lui qui allait me rabaisser à ce point.

- LA FERME !

Je fis un léger saut en arrière, et je sortis un kunai (un vrai, ce coup-ci). Je m’en armais, et me mit en position. Après quoi, je pointais mon pouce gauche en direction de mon bandeau frontal.

- J’ai gagné ce bandeau après mon examen, alors oui je suis un ninja maintenant !

Oui, j’étais furax. J’étais prêt à l’attaquer à tout moment, afin de lui prouver ma valeur, de lui montrer que je ne suis pas qu’un moins que rien, et que je suis un vrai ninja. Même s’il avait l’air plus expérimenté que moi, ce n’était pas ça qui allait m’arrêter. Ce n’était qu’un guignol après tout.

Cependant, les paroles qui suivirent eurent un tout autre effet que toutes les précédentes. Il se présentait, sous le nom de... Yamanaka Rei. Un Yamanaka ? Comme... comme ces gens qui ont fait de mes dix premières années de vie un enfer sans pareil... ? Comme ceux qui m’ont séquestré, qui m’ont utilisé pour toutes sortes de tâches, et pour toutes sortes... d’expérience. Ils ont ruiné mon enfance. Ils m’ont fait souffrir de tous les maux possibles et inimaginables. Et puis... à cause d’eux, il y a ce quelque chose qui vit en moi. Ce monstre, ce démon dont j’ignore tout. Je ne sais rien de lui, et c’en était effrayant. J’avais peur de perdre le contrôle et de commettre un acte irréparable, ou bien de ne plus être moi-même. Cette chose était horriblement puissante, je le sentais... et si un jour, elle décide de me détruire, elle le pourrait. C’est pour ça que je veux devenir fort…

Mais là... que faisait un mec comme lui, ici à Konoha ? Pourquoi était-il là ? Et en plus, cela allait être lui mon sensei ? Impensable. Je ne veux pas... il était sans doute de mèche avec eux. Il est l’un des leurs. Sinon, par quel hasard le destin m’aurait mit une nouvelle fois un Yamanaka dans les pattes, en tant que professeur... ? Il n’y avait décidément pas de doute possible, ce n’était pas qu’une simple coïncidence. Cela cachait quelque chose...

En l’écoutant parler, mon corps trembler de tout son être. Ma colère s’était entièrement effacée, et des gouttes de sueur coulaient même le long de mes tempes. J’étais comme paralysé... par la peur. Je ne voulais pas que ça recommence. Plus jamais je ne retournerais là-bas.

- T... toi...

Je tremblais tellement que le kunai que je tenais en main venait de tomber sur le sol, dans un tintement métallique. Que faire dans cette situation ? Le suivre était du pur suicide. Oui, je ne voulais plus jamais être embarqué dans une affaire comme celle que j’ai vécu. Ces Yamanaka étaient diaboliques, et possèdent des pouvoirs terrifiants. Il était sans doute comme eux. Il l’était, c’en était une certitude. Il n’y avait qu’à voir le sourire sadique qu”il m’a lancé un peu plus tôt. Et là, il essayait de se rattraper en me proposant de boire un truc. Foutaises, c’était sans doute empoisonné, ou autre chose, pour m’avoir. De toute façon, je ne sentais presque plus le goût, ou du moins je ne le remarquais même plus, tant j’étais... traumatisé.

Il n’avait à ça qu’une seule et simple solution.

- Fuir... je dois... fuir.

Sur ces mots, je fis un pas en arrière en l’observant, avant de me retourner et partir en courant, tout en pleurant.

- Ne m’approche pas !!

Spoiler:

J’y étais en effet allé un peu fort, puisque le garçon entra dans une grande colère. Il alla jusqu’à hurler, puis se mettre en position de combat. Me retenant de faire un commentaire sur les multiples faiblesses de la position qu’il avait prise, je me contentais de les noter quelque part dans un coin de ma tête, afin de la corriger plus tard. Il me faudra aussi corriger son vocabulaire. À qui croit-il parler ?

Oh, maintenant il désignait son bandeau. C’en était presque mignon, à croire qu’il avait besoin de lui-même se rassurer de ses capacités à être un ninja. Mais rien que la perte si facile de son sang-froid aurait causé sa perte s’il s’était retrouvé face à un réel ennemi. À cette vitesse, le provoquer ne serait-ce qu’un peu pourrait entraîner sa perte en situation réelle. Encore quelque chose sur lesquelles il faudra que je le fasse travailler.

Lorsque je me présentai à lui, son comportement changea radicalement. La fureur laissa place à une peur irrationnelle, et Ryûji commença à bredouiller avant de partir en courant. Qu'est-ce qui venait de se passer ? Aucune idée.

- Wut ?

Dans ce cas, plusieurs possibilités s’offraient à moi. Le rattraper et le bloquer, me barrer, utiliser mon Kekkei Genkai, ou encore le suivre. C’est cette dernière option que je décidai de prioriser. Mais discrètement, le but n’étant évidemment pas qu’il se sente suivit.

Autant, jusque-ici, les changements brusques de comportement du garçon étaient dignes d’un gamin. Et encore, il n’était pas encore entré en crise d’ado, et je n’ai pas hâte que ce soit le cas. Mais là, ce n’était plus un comportement logique mais une terreur qui semblait s’être abattue sur le garçon. Et ça, ça m’inquiétait. Je n’avais certes pas été tendre avec lui, et il s’était un peu payé ma tête aussi, mais je ne voyais pas d’explication à un tel niveau de frayeur sur le visage de Ryûji.

Passant par les toits, tout en restant le plus discret possible, je suivis le garçon. Je ne sais pas où il se dirigeait, mais lorsque le cerveau connaît une montée importante d’angoisse, les sens sont plus réactifs. Je devrais donc me montrer deux fois plus discrets que normalement. Qu’est-ce qui pouvait lui faire une telle frayeur ? Deux hypothèses se proposaient à moi : le fait d’avoir un sensei, ou le fait que je sois Rei Yamanaka. Chaque hypothèse menant à d’autres hypothèses en elle-même.

J’avais tendance à privilégier la première. Peut-être avait-il eu un ou une autre sensei avec qui cela s’était très mal passé. Le fameux monsieur qui se serait servi de lui ? Aucune idée. Pour la seconde, la possibilité qu’il ait un lien avec la bataille de Nedora, ou pire avec Chiko est tellement faible que la première est plus crédible. Ou alors, ça pourrait être les Yamanaka en général, mais les quelques-uns que je connais sont tous adorables, donc je ne vois pas trop en quoi ces gens-là ont quoi que ce soit de flippant.

En tout cas, je ne voyais qu’un moyen d’éclaircir la situation, en parler avec ceux qui sont susceptibles d’avoir des informations. C’est à dire le Hokage, les Yamanaka, ou bien les parents de ce petit. Je continuai donc de le suivre pour voir jusqu’où il pouvait aller. Puis, peut-être ira-t-il voir des gens susceptibles de me donner plus d’informations à ce sujet. Dans tous les cas, la priorité était qu’il se calme, je ne veux pas voir apparaître la chose que le Hokage décrit comme effrayant.

La colère que j’avais contre lui s’était entre temps interrompue. Et la tâche que j’allais avoir venait probablement de doubler, voire tripler. Mais avant ne serait-ce que d’essayer de jouer au prof, j’allais devoir gagner sa confiance, et ça, ce n’était pas gagné. Parmi les toits que je traversais, il y avait celui d’un magasin de bonbon. Des vrais. J’y passerai au retour, il lui faudrait au moins ça pour se remettre de ses émotions. Mais pour l’instant, je vais me contenter de suivre ses mouvements de loin.

Spoiler:

Fuir. C’était ma seule option viable ici. Je n’avais pas d’autre choix que de m’enfuir, de partir loin d’ici, et de lui. Surtout de lui. Instinctivement, sans le vouloir, je me dirigeais vers la forge de mon grand-père. C’était un déplacement inconscient, et pourtant, c’était bien par là que je me dirigeais, tout en courant, traumatisé. Je ne pensais même plus à l’altercation que j’ai eu avec le vieux, un peu avant ma rencontre avec ce Yamanaka. Tout ce que je voulais, c’était de le retrouver, et vite. Il était le seul qui pouvait me protéger de lui. Même s’il n’était pas très fort, il a toujours été là pour me protéger... et cet homme ne tentera sans doute pas grand-chose, en plein cœur de Konoha. Il fallait donc que je le retrouve, avant qu’il ne me rattrape.

Tout en courant, des larmes coulaient, mouillant le sol de Konoha. Les passants me regardaient bizarrement, mais je n’en avais que faire. Ils ne pouvaient pas comprendre, tous autant qu’ils sont. Ils s’en foutaient tous que j’ai besoin d’aide, cela n’intéressait absolument personne. Ils étaient tous pareil... enfin, peut-être pas pire que les Yamanaka. Plus jamais je ne voulais avoir à faire à eux, tant que je n’étais pas assez fort pour les éradiquer. Je ne savais pas qu’il y en avait un à Konoha, je suis arrivé trop récemment pour cela. Néanmoins, quelque soit la raison de sa présence ici, je suis sûr que ce n’était qu’une couverture pour me récupérer. Ils veulent peut-être récupérer cet esprit démoniaque qui m’habite... c’était là tout leur projet, qui s’était envolé après leur échec, et ma fuite... ils n’ont donc pas abandonné.

Je n’étais plus très loin de chez moi. Il y avait bien moins de monde dans la rue, voire plus personne. Notre forge était un peu à côté de la plaque niveau popularité, mais c’était surtout à cause du quartier dans lequel on habitait. Tant mieux, je ne voulais voir personne d’autre que mon grand-père !

Un virage, et je rentrais en plein dans une personne. J’eus un moment de recul, légèrement sonné.

- Ryûji ? Qu’est-c’qui t’arrives mon p’tit ?

Il voyait sans doute l’état dans lequel j’étais. Les yeux rouges, et les joues complètement trempées par toutes ses larmes. Je tremblais toujours, et je m’étais rué sur lui, le serrant fort dans mes bras. Alors là, il n’y était sans doute pas habitué. Il ne comprenait pas d’où venait cette affection soudaine, bien qu’il se doutait qu’il y avait quelque chose qui m’était arrivé. Il passa sa main sur son crâne, et essaya de me consoler.

- Allons, explique-moi c’qui t’arrive. C’pas à cause d’notre dispute d’taleur, nan ?

Je secouais la tête, signe que non. À vrai dire, je pense qu’il se doutait bien de cette réponse, mais cherchait juste à me faire parler.

- Il... il me veut du mal... il m’a suivi... ?

Je sentais son étreinte se serrer davantage, alors qu’il jeta un œil aux alentours. Personne, à priori.

- J’t’ai jamais vu dans cet état d’puis qu’j’t’ai rencontré p’tit. Dis-moi c’qui va pas.

Je n’arrivais pas à parler. J’avais peur qu’il soit là, qu’il m’ait suivi, qu’il se soit caché quelque part. C’était évident. Il était maléfique, et me voulait du mal. Forcément qu’il m’a suivi, et qu’il m’espionne. Mon grand-père comprit bien assez vite qu’il n’obtiendrait rien de moi dans cet état, et resserra pendant un moment son étreinte, me rassurant un peu plus. Il restait un moment ainsi, avant de me relâcher cinq bonnes minutes plus tard.

- J’tais v’nu t’ramener ton argent qu’t’a oublié à la maison. On va en profiter pour s’balader tous les deux, viens.

À vrai dire, il ne me laissait pas vraiment le choix, puisqu’il insista pour retourner en ville. Je savais ce qu’il voulait : il voulait retrouver la personne qui m’a fait souffrir. Mais je ne pouvais pas l’exposer à ce risque, alors je refusais catégoriquement d’avancer.

La situation semblait bloquée, tant que je n’arriverais pas à en parler...

Continuer de le suivre était tout ce que je pouvais faire pour le moment. Plus il avançait, et plus la quantité de personne aux alentours diminuait, jusqu’à se retrouver presque seul, toujours à courir comme un dératé. Encore une erreur de débutant, puisque maintenant, je pouvais le voir de beaucoup plus loin. Dans une rue bondée, se fondre parmi la foule aurait été assez simple, et il aurait même pu entrer dans un bâtiment sans que je m’en rende compte. Là, il était en plein milieu d’une rue vide, et si je lui avais voulu du mal, j’aurais pu le capturer sans problème. Le petit vieux en face n’étant pas un problème, il aurait suffi de lui raconter un mensonge.

Or, en l'occurrence, le mensonge que j’aurais pu lui raconter pour justifier que je récupère le gosse était en l'occurrence la vérité, puisque mon seul but était de l’entraîner et d’en faire un véritable ninja. Puis dans un second temps de comprendre l’origine de ses “crises” et voir ce que je peux faire pour l’aider à ces moments-là, pour que celles-ci ne l’handicapent pas trop.

En parlant de petit vieux, il lui rentra dedans en prenant le virage. Là, même face à un adversaire de son niveau, il se serait gravement mis en danger en situation réelle. Puis la manière avec laquelle il le serra contre lui me fit comprendre qu’ils se connaissaient probablement. Il était un peu vieux pour être son père, donc peut-être son grand-père, ou un grand-oncle. Voire un petit vieux du quartier qui le connaît.

J’avais beau essayer, à cette distance, impossible de comprendre ce qu’ils se disaient. Il fallait donc que je m’approche beaucoup plus, mais si j’étais repéré, je n’aurais non seulement pas la moindre information, mais en plus, les chances de gagner sa confiance se réduiraient encore plus.

- Henge *

Et me voilà devenu un gosse de 8 ans. Maintenant, les écouter serait probablement plus simple. Par contre, apparaître ici serait assez louche. Puis le garçon ne voulant pas bouger, ça allait être compliqué. Ce serait bien si la rue pouvait se remplir un peu. Mais bon, ici il y avait peu de chance, ce quartier n’avait pas l’air très habité. On pouvait par contre voir depuis la cheminée derrière laquelle j’étais caché une petite ruelle séparée de la rue principale par un simple mur tout fin, peut-être que de là, je pourrais entendre des bribes de conversation.

Arrivant donc dans cette ruelle, bingo, je pouvais entendre ce qui se passait dans l’autre. Un mètre de plus et j’aurais pu entendre les articulations du vieux craquer à chaque mouvement, mais ça me suffisait amplement. L’absence de bruits de pas m’indiquant que ceux-ci n’avaient pas encore bougé. Mais le garçon gardait le silence, et ça, c’était gênant. Jamais je n’arriverais à obtenir quoi que ce soit de cette manière.

Sortant donc tout naturellement de la ruelle avec mon visage enfantin, je jouais le tout pour le tout. Je pris un air un peu perdu, regardant le nom des rues, et donnant l’impression de chercher mon chemin. À un moment ou à un autre, avant que le temps que je passe ici ne devienne louche, il faudra bien que je m’en aille. Quoique.

M’approchant du vieux, je pris mon air de petit garçon perdu. Air qui marchait plutôt bien quand je ne voulais pas payer les transports à l’époque où j’allais à Honô, j’avais toujours un sympathique marchant pour me proposer de monter dans sa charrette à ce moment-là.

- J’trouve plus mon chemiiiiin.

Voilà que maintenant, moi aussi j’avais l’air d’être au bord des larmes. Sauf que contrairement à Ryûji, je faisais semblant. Mais je suis bon acteur aussi. Avec un second sale gosse dans les pattes, je plains ce petit vieux.

*

Henge:

Bien qu’il insistait pour me mener en ville, je lui tenais tête, refusant de ne faire que serait-ce un seul petit pas en arrière. Pourtant lui, était bien décidé à comprendre ce qui m’avait mit dans un tel état. C’était normal dans un sens, il s’inquiétait. Ce devait être la première fois qu’il me voit aussi affaibli, depuis le jour de notre rencontre. Il ressentait sans doute une similitude entre ce jour-là, et maintenant. C’était sans doute pourquoi il s’inquiétait. Et c’était tout à fait compréhensible, après tout.

Il essayait de me réconforter, mais je restais muet comme une carpe. Pourquoi je ne parlais pas ? Je n’en trouvais pas la force. Mon corps tremblait, et se remémorait tous ces souvenirs que j’essayais, tant bien que mal, d’effacer de ma mémoire pour toujours. Et ça, ce n’était pas encore gagné... puisque le passé revenait à la charge, après deux ans de repos. Ils étaient revenus, et avaient infiltré Konoha même... la terreur et l’angoisse m’empêchait littéralement de parler, je ne voulais que ressentir une certaine protection. Et ça, il n’y avait que lui pour me la donner.

- Bon très bien. Allons... oh.

Il coupa sa phrase, lorsqu’une petite voix se fit entendre. Un jeune enfant, peut-être même plus petit que moi, qui arriva. Il pleurait car il ne trouvait plus son chemin. Tsch, pleurer pour si peu alors qu’il y a bien plus grave dans la vie... comme mon cas par exemple !

Mon grand-père lâchait un peu cette étreinte, et regarda le petit garçon.

- Allons allons mon p’tit, dis-moi où qu’t’habites et on t’ramène chez toi. C’pas ici qu’tu trouv’ras quelque chose, t’sais.

C’est sûr que dans ce quartier, il n’y avait presque personne qui habitait, hormis nous et quelques autres gens. Mais cet enfant n’était pas du coin, c’était sûr. On l’aurait sans doute aperçu. M’enfin, ce n’était que le cadet de mes soucis. À vrai dire, j’étais plutôt agacé à l’idée que mon grand-père soit à l’écoute et aux petits soins qu’une autre personne que moi. Il l’appelait même comme moi, son p’tit. Grr. Un petit sentiment de jalousie grandissait en moi. C’était la cerise sur le gâteau, cette journée était définitivement merdique. Je n’avais qu’une envie, c’était partir dormir dans mon lit, et ne plus en sortir jusqu’à demain matin.

- Allez viens, suis-nous. Ryûji t’veux v’nir du coup ? C’est même l’occasion d’te faire un copain !

Il posait la question, mais il voulait que je vienne sans doute impérativement. Comme si j’avais le choix, maintenant... ce petit tombait plus que mal. Je suis définitivement maudit. J’acquiesçais de la tête, et l’ancêtre me prit dans ses bras, et me posa sur ses épaules. Ma place privilégiée, rien qu’à moi. Je pense qu’il a compris ce qu’il se tramait dans mon esprit, et c’était une sorte de signe pour me faire comprendre que j’étais unique.

Il y eut un petit moment de silence, alors que nous étions tous les deux. Enfin, trois. Je n’avais pas vraiment la tête à prendre en compte un parfait inconnu. Ce que j’avais besoin, c’était de lui et de personne d’autre. Après un long moment de silence, je me décidai à commencer à m’ouvrir.

- Papy... un homme a prétendu qu’il allait être mon sensei. Il a dit s’appeler Yamanaka Rei.

En entendant ça, son regard se durcit. Il savait très bien ce qui en découlait, puisqu’il connaissait absolument tout ce qu’il y a à savoir sur moi. Je baissais légèrement les yeux, la tête posée dans mes bras, sur son crâne de cheveux blancs.

- Je vois...
- Je veux pas...

Il y eut de nouveau un assez long silence entre nous. Je dois bien avouer que je n’ai absolument aucune idée de ce à quoi il pouvait bien penser, en ce moment même. On marchait avec l’enfant que l’on devait ramener chez lui.

- L’aut’ jour, j’suis allé voir le Hokage, quand t’es d’venu Genin. J’l’ai mis au courant de tu-sais-quoi. Il m’a alors dit qu’il enverrait quelqu’un de compétent pour te prendre en charge. J’m’attendais pas à ça, mais tu d’vrais faire confiance au jugement de l’Hokage.

Pardon ? Le Hokage était au courant ? Il ne devait pas l’être entièrement en tout cas, vu que c’est un Yamanaka qui s’est présenté à moi. Mais alors... c’est vrai cette histoire de sensei ? Il allait réellement être mon professeur... ? Et il me demandait de lui faire confiance, alors que c’était un Yamanaka ? Vraiment... j’y crois pas.

Oui, je n’y croyais pas du tout. Pourtant, mon grand-père n’était pas du genre à parler pour ne rien dire. Toujours à dire ce qu’il pense, il était pourtant en quelque sorte la voix de la sagesse et de la raison. Il ne se trompait que très rarement dans ses jugements, ce qui a fait que je l’ai très souvent écouté. Il est d’ailleurs le seul qui peut s’en vanter, entre nous.

- Hm...

C’était pris en considération. Je commençais légèrement à me calmer.

- Alors p’tit, c’coin là du village doit t’être un peu plus familier, nan ?

Passer sous forme de petit enfant avait été plutôt efficace. M’attirer la sympathie du vieux avait été plus simple que prévu, puisqu’il me proposa de gentiment me ramener chez moi. Qu’il était adorable ce petit vieux. Un peu naïf, mais adorable. Il proposait même à Ryûji de se faire un copain. Nan, vraiment, j’adorais déjà ce papi, j’avais hâte de discuter avec lui sous une forme un peu plus adulte et sérieuse. J’suis sûr qu’il serait capable de raisonner ce petit.

Devenir copain avec Ryûji ? Pourquoi pas. C’était en soi une opportunité intéressante d’en apprendre plus sur le garçon, mais j’aurais vraiment l’impression de me jouer de lui. Utiliser le Henge pour manipuler des gens, je l’avais souvent fait, et j’étais même un peu en train de le faire. J’avais déjà eu l’occasion de discuter avec des enfants à l’académie de cette manière. Mais là, pour une raison inconnue, mon élève avait peur de moi, et le manipuler de cette manière n’était sûrement pas la bonne méthode pour gagner sa confiance.

- Papy... un homme a prétendu qu’il allait être mon sensei. Il a dit s’appeler Yamanaka Rei.

Ah, il parlait de moi. J’allais peut-être pouvoir choper quelques informations. Ou pas. La seule chose que j’ai pu retirer de cette conversation, c’est qu’il ne voulait absolument pas que je sois son sensei. Sale gosse. Le vieux l’avait mis sur ses épaules, c’en était presque mignon. Le grand-père tenta de raisonner Ryûji, prenant l’Hokage comme prétexte, ce qui n’était pas une mauvaise idée puisque si cet homme était capable de gérer un village ninja, il devait bien avoir une raison à ce qu’il m'ait confié une telle terreur.

Continuant d’avancer vers le centre-ville, il fallait bien que je finisse par m’éclipser. Il me posa la question si je reconnaissais mieux l’endroit, ce qui était effectivement le cas. Il était temps pour Ren de se retirer, incapable d’avancer de cette manière. Je ne voyais qu’un seul moyen d’éclaircir la situation, c’était d’en discuter avec le grand-père en tant que Rei. Voire avec le petit en même temps.

-Ah, c’est à côté de chez moi, merci papi !

Que j’aimais les petites ruelles, le meilleur moyen de discrètement reprendre ma forme de base. Une fois hors de la vue de qui que ce soit, je repris ma forme adulte (ou plutôt ado) puis me dépêchant, je me dirigeais vers l’avenue principale, où à la vitesse à laquelle ils marchent, ils devraient me rejoindre d’ici une dizaine de minutes en continuant à cette vitesse. Ce qui me laissait un peu de temps pour réfléchir au programme de ces prochains jours.

Deux possibilités s’offraient à moi : Soit je l’embarquais direct en mission pour voir ce qu’il vaut sur le terrain, soit je l’entrainais un peu avant. Mais dans un premier temps, plus important, la boutique de bonbons. Les bonbons, joliment présentés dans la vitrine me feraient baver si je ne me retenais pas. En plus, la vendeuse était fort sympathique et me faisait souvent des réductions. Il faut dire que les clients qui passent tous les jours, ce n’est pas commun. Heureusement que j’ai une bonne marque de dentifrice, sinon, mes dents seraient dans un état aussi lamentable que les généraux de la bataille de Nedora après explosion de leurs vestes piégées.

Après avoir acheté toute une réserve de sucettes au cola, au citron, au caramel, ainsi qu’une boîte de chocolats, je sortis de la boutique. Mais toujours pas de Ryûji ou de petit vieux en vue. Espérons qu’ils n’aient pas fait demi-tour, ce serait bien ma veine. Ah non, les voilà.

En évitant de reprendre cet air sévère qu’il m’arrive d’avoir, et ne répétant surtout pas mes excès de sadismes que cet enfant me donnait envie de libérer, je les abordai. J’espère pour le vieil homme que Ryûji n’allait pas paniquer de nouveau, parce que si cela se reproduisait, je ne donnais pas cher de l’état du cou et des épaules de l’homme.

-Bonjour !

Laissant mes yeux détailler un peu plus le grand-père, je me rendis compte qu’il était vachement bien conservé pour un vieux. Il avait l’air d’avoir conservé la forme, bien plus que les mamies Yamanaka passant leur temps à me chouchouter à la résidence.

- Je suis Rei Yamanaka, et j’ai été chargé par l’Hokage de former le garçon actuellement sur vos épaules.

Portant mon regard sur Ryûji, je pris soin de prendre un air le plus rassurant possible. Cependant, vu la panique qu’il avait eu plus tôt, ce ne serait probablement pas suffisant. Faire pleurer des gens, je l’avais déjà fait, mais un enfant, et de cette manière, jamais.

- Je ne sais pas pourquoi je t’effraie autant, mais c’est comme ça.

Dans tous les cas, il fallait de toute façon que je parle avec lui des entraînements et des missions.

- ça te dirait qu’on discute tous les deux ? Avec ton grand-père si tu veux. Ah, pour me faire pardonner.

Je lui tendis un paquet de sucette, cette fois avec marqué les goûts sur l’étiquette du paquet. Citron et coca. Ce n'est bien sûr pas des bonbons qui allaient régler quoi que ce soit, mais il m'avait bien mené à Ryûji après tout.

En effet, il reconnaissait bien le chemin maintenant. Apparemment une bonne chose de faite. J’essayais tant bien que mal de ne pas relever le fait qu’il l’ait appelé papi, juste devant moi. C’était quelque chose que je ne supportais pas. Sale gosse va, hors de question qu’il devienne mon copain. Jamais. Je dis bien jamais, cet enfant sera mon ami ! Il a tenté de me voler mon grand-père, et cette erreur lui coûtera très cher un jour. Il me le payera. C’en était une certitude. Mouhahaha.

Enfin, il était parti. Quelle journée de merde, vraiment. Que pouvait-il m’arriver de pire ? Cela fait très longtemps que je ne m’étais pas senti aussi abattu. J’avais très peur de l’avoir réellement comme sensei. Il devait bien y avoir une solution... non ? On devrait peut-être aller voir le Hokage, et lui demander de changer tout ça. Comme l’avait dit l’ancêtre, c’était lui qui avait décidé cela. Mais je ne pense pas que mon grand-père sera d’accord... il avait l’air de faire confiance au jugement de notre dirigeant. Selon lui, s’il l’a nommé comme étant mon sensei, c’était pour une bonne raison, et que celui-ci était compétent. Il connaissait pourtant mon aversion que j’avais avec les membres de ce clan. À quoi pensait-il ?

Peut-être que ce Yamanaka était différent. Ne sont-ils pas tous les mêmes ? À vrai dire, s’il était un supérieur de ce village... je ne sais pas. Tout semblait confus. Je restais silencieux.

Soudain, il fut de retour. Le Yamanaka se présenta à nous, et nous regarda. Mon cœur se mit à battre la chamade, et mes poings se serraient. Il nous salua, puis s’adressa directement à mon grand-père. Il répétait la même absurdité, qu’il était un Yamanaka et qu’il était chargé de me former. Puis, il me regardait à moi. Ce regard fut bref, mais il me semblait une éternité tant je redoutais de voir la suite. Il disait ne pas comprendre pourquoi je l’effrayais à ce point. Etait-il réellement sincère en disant cela ? Je le fixais un bon moment, alors qu’il me demanda si je voulais discuter avec lui, et que mon grand-père pouvait rester. Il me tendait même des sucettes (des vraies), et... je ne réagissais même plus. Je le fixais, comme si j’essayais de lire en lui. Bien entendu, ce n’était qu’une impression.

Cela avait sans doute un air assez inquiétant que, moi, je ne réagisse pas à une sucrerie qui m’était tendue. J’étais plongé dans mes pensées, ne sachant pas trop quoi répondre.

- Ryûji, prends-les. J’t’accompagne, on va discuter. D’accord ?

Je restais toujours silencieux un moment, avant d’hocher la tête et de prendre les sucettes. Une bonne première étape de franchie. Il n’était peut-être pas la personne que je crois. Je ne sais pas trop.

- Ok.

Le ton était tout de même sec.

- Excusez-le, c’n’est pas forc’ment contre vous. Voyez, il a ses raisons, c’tout. J’suis sûr que le Hokage vous a choisi pour une bonne raison. Il saura vous accepter.

Mouais. C’est pas gagné. Vraiment pas. Mais apparemment, ce n’était pas comme si j’avais le choix. Il allait falloir que je m’y fasse pour l’instant... mais ce n’était pas pour autant que j’allais lui accorder ma confiance. Au moindre faux pas, j’le tue. Vraiment. Bon peut-être pas car il est sans doute plus fort que moi. Mais quand même. Je pris une première sucette, qui était bien meilleure que la précédente. Je commençais, petit à petit, à me calmer. Tranquillement.

- Merci pour la sucette.

Il y eut un moment de silence, puis mon grand-père s’étouffa tout à coup. Oui un remerciement de ma part était inespéré, mais alors dans cette situation... j’étais vraiment chamboulé, il faut croire. Ou pas.

- Mais ne croyez pas m’attendrir comme ça. Je ne vous fais pas confiance, et je n’ai aucune raison à vous donner la moindre crédibilité en temps que sensei.

Les mains de mon grand-père m’attrapèrent, et il me posa sur ses genoux.

- Allons, ne dis pas ça, tu vas...
- Non. Je ne vois pas pourquoi je devrais être son élève, et pas à un autre.

La première approche ayant été assez catastrophique, je pris soin à ce que la seconde se passe dans de meilleures conditions. Je ne connaissais toujours pas la raison pour laquelle je lui avait fais une telle frayeur, mais j'aurais tout le loisir d'en apprendre plus à son sujet plus tard, et de mieux le découvrir. La priorité actuelle allait être de progressivement gagner ne serait-ce qu'un tout petit peu sa confiance, pour que l'entraîner ne soit une torture ni pour lui, ni pour moi. Je suis un sensei, pas un tortionnaire. Mais bon, pour l'instant, c'était loin d'être gagné.

Dans un premier temps, Ryûji ne réagi pas tandis que je lui tendais le paquet de sucettes. Pourtant, les parfums était clairement indiqués sur le paquet, et il y avait même un petit dessin sur l'emballage de chaque sucette au cas où ce ne serait pas assez explicite. Peut-être qu'il ne savait pas lire. Puis une nouvelle fois, son grand-père débloqua la situation. Vraiment, j'adore ce papi. Je lui offrirait peut-être une de mes précieuses sucette au Miso ou à la sauce soja.

Selon les dires du grand-père, Ryûji avait ses raisons pour se comporter ainsi à mon égard. Aurait-il été traumatisé par un précédent sensei ? J'en vint presque à me remettre en question sur mes méthodes. À l'académie, j'étais loin d'être tendres avec les petits auprès desquels j'intervenais. Il était assez rare que je les complimente, et j'avais plutôt tendance à les pousser un peu à bout pour qu'ils se donnent à fond. Quand j'y repense, c'est vrai que c'est peut-être un peu dur pour des enfants. Mais ils voulaient devenir ninja, et si le mental ne tient pas derrière, c'est que ce métier ne leur convient pas.

Lorsque Ryûji mit une sucette à sa bouche, c'était comme une petite victoire pour moi. J'avais l'impression que je venais d'avancer d'un petit pas, même si je me doute bien qu'il faudra bien un ou deux milliers de pas avant qu'on ne réussise à avoir une relation prof/élève normale lui et moi. Cependant, il m'annonça clairement qu'il n'avait pas l'intention de me faire confiance et qu'il ne comprenait pas pourquoi c'était mon élève à moi et pas à un autre sensei. Lui expliquer que la raison était que je pouvais prendre l contrôle d son corps en cas de problème n'était sûrement pas une bonne idée si je voulais qu'il me fasse confiance. J'en parlerais plutôt avec son grand-père, seul à seul, qu'au moins lui puisse en comprendre les raisons.

- Tu sais, si le Hokage t'a confié à moi et non pas à un autre, c'est qu'il doit y avoir une bonne raison. Je ne pense pas que ce soit le genre à prendre des décisions hatives ou incertaines.

En effet, je n'étais pas le seul chûnin à avoir reçu un élève aujourd'hui. Cependant, alors que le Hokage avait réfléchis un peu avant d'attribuer chaque élève à son sensei, il n'avait pas hésité une seconde concernant Ryûji, et me l'avais confié. J'en ai déduis qu'il devait s'être penché sur le cas du garçon en amont, et qu'avant même que je n'arrive à la résidence, la décision avait déjà été prise.

M'asseyant sur un banc, et leur faisans signe de faire de même, je commençais mon discours concernant le déroulement des prochains jours.

- J'avais prévu de demander à l'Hokage s'il n'avait pas une mission de rang D ou C à nous confier, histoire que je puisse évaluer un peu tes capacités sur le terrain. Mais tembarquer loin de Konoha, rien que nous deux, et dans l'état actuel des choses, c'est une assez mauvaise idée.

Il était donc temps de sortir le plan B, c'est à dire un entraînement tout à fait banal et classique, formule que je privilégiais moins. Instinctivement, je suivait le modèle de ma sensei sur ce point là. Je voulais l'embarquer avec moi à travers Hi no Kuni quelques semaines, histoire de lui faire voir la region, lui faire tester ses capacités de survie en le laissant livré à lui même en forêt, ou encore en organisant des jeux de pistes pour lui faire trouver ses vivres. Pas un simple jeu de piste hein, un parcours rempli de pièges en tout genre. Mais bon, je ferais plus classique.

- Il y a une petite clairière à quelques minutes de marche de Konoha. On ira t'entraîner là bas au moins cette semaine, puis on verra plus tard si tu es prêt pour passer à un entraînement un peu plus poussé.

Je m'adressais ensuite au grand-père.

- Si cela ne vous dérange pas, voudriez vous nous accompagner au moins le premier jour, voire un peu plus longtemps s'il le faut ? Je pense que ça le rassurerait un petit peu.

Il fallait que je lui parle du second aspect de ma mission, canaliser le garçon lorsque il devient une furie.

- Rendez vous demain, à 9h, en face de l'entrée de Konoha.